Mécanisation et Equipements

Production laitière Parmi les composantes du coût de production du lait, la mécanisation représente un poste important dont on ne mesure pas suffisamment le poids comparé à d´autres charges plus facilement mesurables comme les achats d´engrais ou d´aliments. Quelles sont les stratégies d´éleveurs et les résultats qui en découlent ?

Eléments de réponse à partir d´une enquête nationale réalisée par les réseaux d´élevage bovins lait auprès de leurs 448 exploitations. Alimentation et fertilisation avant mécanisation 87% des éleveurs enquêtés mettent en avant la réduction des coûts comme une préoccupation prioritaire. En deuxième position, on trouve la réduction du travail qui est évoquée par 59% des éleveurs. La recherche de performances animales élevées arrive en 3ème position (48%). Les leviers mobilisés par les éleveurs interrogés pour réduire les coûts concernent prioritairement et à égalité les concentrés et les engrais (cités dans 74 % des cas), loin devant la mécanisation (37% des cas). L´investissement en groupe : une stratégie dominante Pour diminuer les charges de mécanisation, les éleveurs privilégient l´achat de matériel en CUMA (cité par 51% des éleveurs). D´autres stratégies sont également mises en oeuvre : déléguer une partie des travaux à une CUMA ou à une entreprise (38% des cas), laisser vieillir le matériel (37%) ou acheter en copropriété (37%). On renouvelle le matériel pour des questions d´usure et de travail. Toutefois, un tracteur sur 3 est changé pour des raisons fiscales. Des variations du simple au double pour un même système : Tous systèmes confondus, les charges de mécanisation sont presque 2 fois plus importantes (1.7) entre le groupe des exploitations les plus chargées et le groupe des plus économes. Ce même niveau d´écart se retrouve entre exploitations d´un même système. Des différences qui résultent de choix stratégiques des éleveurs. Des équipements de traite pas toujours optimisés : Les ¾ des installations de traite sont de type épi ou TPA (Traite Par l´Arrière). Ces équipements « classiques » semblent fonctionner avec un nombre optimisé de vaches (5VL/griffe). Par contre, les équipements de type robot (56.6 VL/stalle) et roto (4.6 VL/griffe) ne sont pas utilisés à leur pleine capacité, sans doute en prévision d´une augmentation du nombre de vaches. Des besoins d´investissements en sommeil : La conjoncture favorable de 2007/2008 avait conduit des éleveurs à réaliser des investissements. Il s´agissait principalement de matériel (65% des exploitations) et d´équipements d´élevage (45%). Un an plus tard, 50 à 60% des éleveurs annonçaient avoir de nouveaux projets d´investissements. Patrice Visage Légende de la photo de salle de traite : « j´optimise l´équipement de traite à mon troupeau »

Des leviers pour maitriser ses charges de mécanisation

La limitation du montant des investissements en matériel est primordiale. Réussir à faire vieillir, en bon état, le matériel est source d´économie. Les élevages les moins économes en mécanisation ont des tracteurs plus récents. Il en est de même pour le matériel de distribution. Attention, certains équipements liés à des choix fiscaux peuvent entraîner de lourdes annuités pendant de longues années, pas toujours bien compensées par les allègements fiscaux dégagés. La maîtrise des charges d´entretien, d´achat de petit matériel et de carburant est aussi importante : Un éleveur économe est un éleveur qui limite la casse du matériel, assure l´entretien lui-même et veille aux consommations de carburants en limitant les déplacements, en simplifiant le travail du sol, et en adaptant la puissance à la tâche demandée Investir en CUMA pour réduire les charges, sans se suréquiper. Pour la majorité des éleveurs, le premier moyen de réduire les coûts de mécanisation consiste en l´achat de matériel en commun. Néanmoins, l´équipement collectif ou le recours aux travaux par tiers (CUMA ou entreprise) doit, pour limiter réellement ses charges, s´accompagner d´une baisse des investissements matériels sur sa propre exploitation. Attention à ne pas se suréquiper en doublant les équipements déjà disponibles en CUMA ou par recours à l´entreprise. Si la délégation des travaux est parfois réalisée pour gérer des pointes de travail ou compenser une baisse temporaire de main d´oeuvre, elle doit rester exceptionnelle si on possède déjà le matériel nécessaire pour réaliser le travail confié. Le parcellaire parfois peu structuré, l´importance des stocks à réaliser entraînent davantage d´usure du matériel. Cela se traduit par des coûts de mécanisation plus élevés. La stratégie qui consiste à mettre la priorité sur le travail, l´innovation voire la fiscalité dans les choix de renouvellement du matériel accentue fortement ces charges. Pour maîtriser les coûts de mécanisation, les éleveurs doivent donc en particulier rester vigilants sur les investissements et la durée d´utilisation de leurs équipements : il s´agit à la fois de limiter le nombre de matériels et de trouver le juste équilibre entre la performance d´un matériel et son coût, aussi bien sur l´exploitation qu´au sein des CUMA. Les organisations collectives (CUMA, copropriétés, entreprises, ...) facilitent l´accès à de nombreux matériels modernes et performants souvent trop coûteux en équipement individuel ; elles permettent aussi une gestion plus globale des travaux d´un groupe d´éleveurs : la moindre performance d´un matériel peut alors être largement compensée par une bonne gestion de la main d´oeuvre. L´habitude de travailler ensemble et le fort réseau de CUMA qui existe sur notre département constituent ainsi un formidable atout tant technique qu´économique dès l´instant que les décisions sont partagées. Patrice Visage Légende de la photo : « j´économise en faisant vieillir mon matériel en bon état. »