Conduite - « Pâturage tournant dynamique et robot, c’est possible ! »

À l’EARL La Bergerie, Sébastien Bousseau allie robot et pâturage tournant dynamique depuis 2023.

Installé en 1999 en Gaec père-fils sur un site aux Herbiers, puis avec son beau-frère en 2013, Sébastien est aujourd’hui seul à la tête de son exploitation à Saint-Martin-des-Tilleuls. « Lors de mon installation en 1999, on a eu l’opportunité de récupérer le site de la Petite Bergerie, et au fil des années, nous avons acheté des terres autour de ce dernier, tandis que le site des Herbiers perdait en superficie. En 2017, nous avons déménagé les vaches à la Petite Bergerie. » Les soixante-dix vaches montbéliardes ont alors transhumé vers le nouveau site où tout était à faire : bâtiment vaches laitières, bloc traite, silo... « C’est un système qui a fonctionné pendant plusieurs années avec une salle de traite en 2x8 et des vaches qui pâturaient déjà très bien sur une quinzaine d’hectares proches. Je ne me verrai pas avoir mes vaches en bâtiment toute la journée et il fallait valoriser les parcelles proches. » Les vaches pâturaient du printemps à l’automne, en pâturage tournant dynamique et de nuit. En 2021, l’associé de Sébastien décide de quitter le Gaec, ce qui a amené Sébastien à réfléchir à intégrer un robot.  « Mon premier choix était de rester seul sur l’exploitation, tout en gardant mon atelier lait car j’ai une vraie passion pour les montbéliardes, mais je savais que je ne pouvais pas rester dans cette configuration. » Sébastien a alors décroché son téléphone et appelé ses techniciens en leur demandant s’ils connaissaient des éleveurs qui étaient équipés de robot et qui faisaient du pâturage. « Ces visites d’élevages m’ont permis de faire mûrir mon projet et découvrir qu’il était possible d’allier pâturage et robot. »

Un nouveau départ

Pour réaliser son projet, Sébastien a dû faire quelques ajustements au sein de sa ferme. « Si je ne voulais pas saturer mon robot, je devais diminuer mon cheptel laitier en passant à soixante vaches. Forcément, ça veut dire moins de revenu sur l’atelier lait, il fallait donc que je trouve un atelier complémentaire pour l’équilibre économique de la ferme. C’est alors que l’idée de faire un atelier taurillon a germé. Cet atelier me permet aujourd’hui de payer mon salarié. » Le robot est arrivé sur l’exploitation en 2022. Sébastien Bousseau a fait le choix de s’équiper d’un robot GEA Dairy Robot 9500 qui se trouve au bout de l’aire paillée, dans l’ancien parc d’attente de la salle de traite. « C’est un robot que j’apprécie car il a un accès aux vaches par l’arrière, ce qui ressemblait à ma salle de traite, donc quand il y a un problème de mammite, ou qu’il faut brancher à la main, c’est plus facile. On a aussi toutes les informations de la vache sur sa production grâce à l’ordinateur qui peut trier par quartier... », énumère Sébastien. Une fois que les animaux étaient habitués au robot, l’éleveur à tester le pâturage au robot et c’est sans surprise pour lui que tout s’est bien passé. « Les vaches veulent sortir dans tous les cas, et depuis que j’ai le robot, il y a au minimum une rentrée dans le bâtiment toutes les douze heures sans « vaches en retard ». » 

Vers le pâturage tournant dynamique

2023 a été l’année du test pour l’EARL la Bergerie entre la mise en place du grand pâturage tournant jusqu’à 500 m du bâtiment et la limitation de la ration à l’auge. Cette année, depuis plus d’un mois et demi, Sébastien teste du lait uniquement fait à l’herbe, en ne mettant plus d’alimentation. L’éleveur doit aller chercher les vaches le soir pour les rentrer car elles sont un peu moins motivées sans l’alimentation, mais au petit matin, tout le monde est présent dans le bâtiment. Pour Sébastien, si on veut allier robot et pâturage, il faut impérativement mettre en place du pâturage tournant dynamique. « Il faut que les vaches soient stimulées par ce qu’elles vont trouver dehors, et il y a besoin de fluidité. Changer de paddock tous les jours est une bonne solution. » Aujourd’hui, les soixante montbéliardes pâturent sur vingt-trois hectares qui sont divisés en plusieurs petits paddocks et toutes les douze heures, une nouvelle parcelle leur est mise à disposition. « En faisant des petits paddocks journaliers, les vaches optimisent au maximum l’espace qui leur est donné. Elles pâturent mieux et la fertilisation des sols est plus homogène. » Même si Sébastien a dû réduire un peu son troupeau, celui-ci est fonctionnel avec 2,5 traites en hiver et 2,3 traites en pleine période de pâturage avec une production de 24 à 27 kg de lait par vache par jour. « Je produis un peu moins de lait, mais j’ai moins de charge car ce sont les vaches qui remplacent l’ensileuse, la mélangeuse, la tonne à lisier sur les surfaces pâturables. Aujourd’hui, on peut tout à fait imaginer être seul sur exploitation laitière, en étant productif, et en ayant une vie de famille grâce au robot », affirme Sébastien Bousseau.

Johanna Kerschenmeyer