Conséquences des pluies - Les conséquences des pluies sur les semis d’hiver

Alors que deux tempêtes magistrales viennent de frapper l’Ouest de la France, les agriculteurs s’inquiètent : quand pourront-ils enfin réaliser leur semis d’automne ? Que vont donner les semis de céréales qu’ils ont déjà faits, avant l’arrivée des précipitations massives d’octobre et de début novembre ?

Loire-Atlantique et Vendée ont subi les vents violents et les abats d’eau des deux tempêtes Ciaran et Domingos. Avec des situations contrastées, selon les niveaux de pluie enregistrés : entre 260 et 360 mm d’eau tombée dans les différents secteurs, et répartis sur des types de sols, eux-mêmes très hétérogènes (filtrant ou non, drainés ou non).

Delphine Molenat, conseillère de la chambre d’agriculture de la Vendée pour le secteur de Fontenay-le-Comte, résume la situation. Pour les agriculteurs qui avaient préféré attendre pour semer, mieux vaut qu’ils continuent : « Certaines parcelles sont complètement impraticables. On ne peut pas semer tant que la pluie n’aura pas cessé et que les terres ne se seront pas ressuyées. Pour certains secteurs, il n’y aura pas de semis possible, dans certaines zones de bocage ou dans des zones non drainées hydromorphes. Après, dans des zones de plaine, les semis pourront se faire mais plus ou moins rapidement, le temps du ressuyage des parcelles. » Un temps bien incertain. Selon la conseillère, les scénarios pour les prochaines semaines sont très variés.

« S’il arrêtait de pleuvoir, certains agriculteurs pourraient retourner semer d’ici début décembre. Mais d’autres ne pourront pas y retourner avant mi-décembre ou fin décembre, et d’autres risquent de ne pas pouvoir semer du tout de céréales d’hiver. » Et pour ces derniers, il faudra envisager peut-être de reporter les semis au printemps prochain, dans les parcelles non praticables cet hiver : orge ou céréales de printemps, ou carrément des maïs, des tournesols ou autres cultures de ce type.

Blés levés, blés coulés

Pour les agriculteurs qui avaient déjà semé leur blé d’hiver (soit entre 20 et 25 % des surfaces à emblaver), là encore on assiste à plusieurs configurations : « Il y a ceux, pour qui les premiers semis ont bien levé avant les abats d’eau, mais qui n’ont pas pu être désherbés et qui risquent de subir des attaques de pucerons. Il y a aussi ceux qui n’étaient pas très bien levés ou ceux qui sont sous l’eau : là, c’est encore un peu tôt pour faire un constat. »

Sans encore envisager le pire (« pas de semis du tout »), on peut sans doute déjà réfléchir à la suite à donner : « des semis plus tardifs, avec des potentiels affectés au printemps, avec des densités de semis à refaire de façon plus élevées. Sans parler des variétés qui devront être changées pour en prendre des plus précoces. Ce qui implique des semences à retourner ou à conserver pour l’an prochain (si la semence n’a pas déjà été « traitée ») », déclare Delphine Molenat.

En conséquence, il y aura peut-être une rupture dans la rotation des cultures et une probabilité de perte de blé et donc de manque de paille pour les éleveurs, que l’on sent d’ores et déjà plutôt inquiets.

Yvelise Richard