[COVID-19] Vendée - « La reprise de la chasse aux petits gibiers est la meilleure solution »

Situation très tendue pour les 120 éleveurs ligériens de petits gibiers destinés à la chasse. Le confinement met en suspend leur activité. La menace de l’influenza rigidifie le contexte. 500 000 oiseaux sont actuellement en attente de commercialisation.

Entretien avec Denis Bourasseau, secrétaire général du syndicat national des producteurs et éleveurs de gibier de chasse, PDG de GiboVendée.
>> Lors du précédent confinement, les éleveurs n’ont pas pu commercialiser leurs œufs à couver. Cette fois, c’est la suspension de la chasse aux petits gibiers couplée à l’influenza aviaire qui paralysent les élevages. Comment les éleveurs gèrent-ils cette situation ?
Depuis deux semaines, les 120 éleveurs de faisans et perdrix en Pays de la Loire (dont les trois quarts sont en Vendée et Loire-Atlantique) doivent assumer des volières pleines sans possibilité de sortir les animaux à cause de la réglementation sanitaire.
Habituellement, les volières se désengorgent au fil de la période hi- vernale (pic de commercialisation auprès des chasseurs en novembre).
Les éleveurs sont donc à la fois confrontés à une tension économique*, faute de débouchés puisque la chasse aux petits gibiers est suspendue et à des problèmes zootechniques.
Ils doivent continuer d’alimenter et de gérer des animaux en augmentant la protection sanitaire sans pouvoir les vendre.
 >> Dans ce contexte très contraint, que faut-il prioriser selon vous pour que la situation devienne plus soutenable dans les élevages ?
Nous demandons la réouverture de la chasse aux petits gibiers le plus rapidement possible et sa prolongation jusqu’à fin février.
Notre activité pourrait redémarrer pour écouler les animaux en décembre et janvier.
Cette situation d’attente et de solidarité nationale — il ne s’agit pas d’aller à l’encontre des mesures sanitaires qui restent primordiales pour la santé publique – ne peut pas durer encore plus de deux semaines.
Les éleveurs auront déjà subi un mois de tension.
Au-delà, en raison de la dégradation des volières due à la forte densité d’une météo défavorable, on s’expose à un risque accru de foyers infectieux et une dégradation très forte du bien-être animal.
Ces risques sont bien plus importants que ceux liés à l’introduction de faisans et perdrix dans un territoire de chasse !
Je rappelle que la chasse aux petits Gibiers est une activité de plein air et individuelle.
La deuxième hypothèse serait de devoir euthanasier les oiseaux, notamment pour endiguer les risques sanitaires.
Ce serait la pire alternative ! Hors de question que les éleveurs assument ça moralement, financièrement et techniquement ! Plus de 500 000 oiseaux seraient concernés en Pays de la Loire !
 >> Est-ce que les autorités vous semblent enclines à rouvrir la chasse aux petits gibiers d’ici peu ?
 L’administration est très à l’écoute, consciente des enjeux sanitaires mais aussi du mal-être des éleveurs.
On perçoit tout de même une certaine réticence au sein du gouvernement à cause du contexte Covid qui impose des règles strictes, et nous le comprenons, mais nous savons aussi que le blocage est dogmatique par ailleurs au ministère de l’environnement.
>> Vous demandez donc aux éleveurs d’être patients...
Nous avons bon espoir que dès que le pic pandémique sera passé, nous pourrons compter sur la reprise de la chasse aux petits gibiers.
Nos éleveurs en Pays de la Loire sont reconnus pour leur professionnalisme, la qualité de leur travail sanitaire et cynégétique (un oiseau sur deux mis en nature en Europe est d’origine ligérienne). Il ne faut pas l’oublier !
L’administration, les fédérations de chasse, le monde agricole, les acteurs de la filière... Tous veulent faire évoluer la situation.
Nous avons la chance de travailler dans une région où le milieu agricole est solidaire, c’est une vraie force pour nous en ce moment.
>> Cette situation invite-t-elle à repenser certaines logiques de la filière ?
Notre activité est dépendante des évolutions de la chasse.
Nous sommes déjà engagés dans l’élaboration d’une charte de bonnes pratiques avec la Fédération Nationale des Chasseurs et sommes favorables au développement de la remise en nature l’été ce qui permettrait de ne pas être confrontés à des volières pleines à la fin de l’automne.

Propos recueillis par Catherine Baty