Fourrage - Alternatives au RGI : synthèse des travaux sur les légumineuses 

Les Groupes d’études et de développement agricole (Geda) de la région Est Collines Deux Lays orientent des travaux dans un souhait d’autonomie fourragère en produisant des fourrages en quantité et de qualité

Depuis plus de quinze ans, les travaux portés sur le Geda de Mortagne-sur-Sèvre en particulier ont été axés sur des alternatives au RGI alternatif diploïde, gourmand en azote et laissant un sol plus difficile à travailler. L’objectif est de produire des fourrages de qualité économes en azote, libérant le sol assez tôt pour implanter un maïs après et souvent sans labour, avec ou sans irrigation.

Ces associations reposent bien souvent sur l’association d’une à trois graminées et deux ou trois légumineuses. Le mélange doit être hétérogène en végétation pour laisser de la place aux légumineuses, peu agressives en sortie d’hiver.

Les graminées associées peuvent être : le seigle (lignée demi tardif, ressemis hybride ou forestier) dans les sols sains ; le triticale demi précoce à demi tardif ou l’avoine d’hiver dans les sols hétérogènes ou subissant de l’hydromorphie ; le RGH (plus tardif que le RGI) pour des implantations assez précoces (mi-septembre) afin que celui-ci n’étouffe pas les légumineuses. Le RGI, même en densité faible (3-5 kg) et en conditions favorables (automne-hiver doux, reliquats azotés importants ou fertilisation organique), est un mauvais concubin car il est capable de se développer y compris l’hiver et d’étouffer les légumineuses qui ont besoin de lumière. 

C’est la synthèse des observations effectuées sur les différentes plate-formes expérimentales depuis 2011 et en particulier la date de floraison qui nous permet de caractériser la précocité des variétés. Cette dernière est souvent inconnue des variétés inscrites au catalogue européen. La collection fourragère de légumineuses 2022-2023 comptabilisait ainsi près de 60 modalités réparties sur les différentes légumineuses les plus appropriées, selon nos travaux, à ce type d’associations. Cette collection a été implantée fin septembre 2022, après maïs dans un limon sableux du Gaec La Pierre Napoléon à La Verrie.

L’implantation fut très correcte. À la mi-octobre, il y a eu une sévère attaque de taupins surtout sur les céréales à partir du stade Trois feuilles : période très douce (jusqu'à 50 % de perte de pieds). Les reliquats azotés importants après le faible rendement des maïs ont boosté le développement des adventices, surtout des pâturins, mourons et renoncules...

Consécutivement à un automne et un hiver très doux et un développement important des légumineuses, la pluviométrie importante (240 mm entre le 20 décembre et 20 janvier) a eu pour conséquence le développement de sclérotinia et de botrytis sur celles-ci. Cela a provoqué des disparitions de plantes. La sévère gelée de début février (-7°C) sur des plantes tendres et parfois développées a contribué à diminuer encore les densités en particulier des légumineuses.

Le mois de mars froid de 2023 n'a pas assuré le développement parfois explosif des légumineuses à cette époque. 

Les dates de floraison des différentes espèces et variétés ont été observées jusqu’à début juin. Ces informations nous permettent donc de réaliser des choix (espèces ou variétés) en fonction de l’objectif de la date de récolte (de début avril à mi-mai). Côté valeur alimentaire, les fondamentaux sont connus. L’optimum se situe au stade bourgeonnement des légumineuses et pré-épiaison des graminées. Cela même si c’est la fenêtre climatique (trois-quatre jours de beau temps) qui doit déterminer la date de fauche.

Économiquement, il est préférable de réaliser soi-même son mélange à partir de semences de céréales fermières et des légumineuses choisies et adaptées à son objectif de date de récolte (précocité espèce et variété). 

Frédéric Mazoué