Innovation - Un combiné pour semer les couverts à la volée

Les élèves de terminale en bac pro Agroéquipement de l'Agrocampus la Germinière (Sarthe) ont aménagé un outil couplant une trémie de semis à la volée à un déchaumeur. Une option efficace retenue pour semer les couverts de l'exploitation du lycée.

Cet automne, 18 ha de couverts de l'exploitation du lycée de la Germinière (72) ont été semés avec un outil aménagé par des étudiants de bac pro Agroéquipement : une trémie frontale adaptée au semis à la volée, couplée à un déchaumeur à disques placé derrière le tracteur. Un agencement privilégié après avoir testé l'efficacité d'une série d'outils sur une parcelle d'essai du site adossé à l'Agrocampus de Rouillon. 
 

Deux actions en un passage

Les 25 élèves de terminale ont planché dur ce début d'année scolaire pour trouver la meilleure solution de semis aux couverts du lycée. Accompagnés par leurs enseignants d'agronomie et d'agroéquipement au sein d'un module pratique pluridisciplinaire, ils ont testé quatre techniques différentes sur une parcelle d'essai de 0,8 ha (sans préparation de sol) : l'usage d'un combiné herse-semoir en ligne classique, d'un épandeur à engrais suivi d'un passage de déchaumeur à disques, d'un semoir en ligne sans herse (en direct dans le sol), et d'une trémie frontale couplée à un déchaumeur à disques à l'arrière. « L'objectif était de trouver la solution la plus économe et efficace sur le plan agronomique », indique Gabriel Ruel, un étudiant impliqué dans le projet. 

Les étudiants ont ainsi semé au 27 septembre un mélange de féverole et de phacélie, qui à la fois apporte de l'azote et décompacte le sol, tout en étant suffisamment gélif. Résultat : les semis à la volée suivis d'un déchaumage obtiennent les meilleurs taux de levée (plus de 80%). Les disques, qui donnent de l'aération et recouvrent la graine, s'avèrent donc déterminants. Reste que l'outil « maison » de la Germinière permet de réaliser les deux actions en un seul passage. « Pour la même efficacité, nous brûlons du fuel qu'une seule fois et pour un débit de chantier intéressant d'environ 4,5 ha/h », calculent les étudiants sous l'œil de Cyril Dagorne, leur enseignant en agroéquipement. 

Décrochable et transposable

Cet outil aménagé, de 4 m de largeur de travail, a nécessité l'adaptation d'une trémie Éco-mulch à l'avant du John Deere 6155 R, l'un des trois tracteurs de l'atelier agroéquipement du lycée. « Il fallait un tracteur avec prise hydraulique, relevage avant, et l'autoguidage est un gros atout », détaille Valentin Moreau, un autre étudiant de l'équipe, fils d'agriculteurs de Bernay-en-Champagne. La rampe de semis à dents a été remplacée par une tête de distribution alimentant des éléments semeurs pour semer à la volée. Ces ajouts optionnels d'Éco-Mulch ont été acquis par la Germinière dans la perspective de ces essais. « La tuyauterie peut acheminer la graine aussi bien à l'avant qu'à l'arrière, précise Cyril Dagorne. Le but était de créer un outil où tout est décrochable, et transposable à tous les tracteurs. » À l'arrière, le déchaumeur à disques Horsch muni de deux rangées de disques et d'un rouleau n'a, lui, pas été modifié pour le moment.

« Apprendre, découvrir, innover »

Sur la parcelle d'essai, au sol plutôt sableux, le couvert précédent est encore bien visible entre les rangs de maïs tout juste levé ; ce dernier a été semé les 4 et 5 mai au combiné strip-till-semoir, en laissant bien sûr le couvert, qui avait bien gelé cet hiver, au sol.

Suite aux essais, 18 ha de couverts de l'exploitation du lycée (qui rassemble 142 ha dont 35 ha de cultures de vente) ont été semés cet automne avec l'outil en question. Les élèves ne sont pas peu fiers d'avoir mené ce projet dont les résultats sont de suite valorisés. « Sur une exploitation, on ne trouve pas forcément de temps pour faire des essais ; ici, on peut apprendre, découvrir, innover, sans la contrainte économique d'une ferme », s'accordent à dire les lycéens, dont deux ont pour projet de s'installer. À l'avenir, l'outil pourrait encore évoluer, avec la création d'une deuxième rampe de semis qui serait placée à l'arrière ; la graine, qui avait tendance à remonter à la surface, tomberait entre les deux rangées de disques pour une meilleure implantation.



Fanny Collard