Transmission - « Je cherche une exploitation »…. « Je cherche un associé pour me remplacer »

Qu’est-ce qu’une installation réussie ? Est-ce que cédant et porteur de projet potentiel partagent une vision commune d’une bonne transmission ? En parallèle, nous avons questionné un agriculteur en fin de carrière et un jeune candidat à une reprise.

Mathieu Rambaud, 21 ans, cherche une exploitation à reprendre autour de Terval. + photo 

Qu’est-ce qui motive votre projet d’installation ? 

Je veux tout simplement faire le métier qui me plaît ! Un métier varié, où on ne fait jamais la même chose tous les jours ! Mon installation permettrait aussi de pérenniser l’exploitation familiale.

Quelle exploitation recherchez-vous ? Quels sont vos critères ?

Je cherche d’abord une exploitation à proximité de celle de mon père et de mon oncle, car mon objectif est de devenir leur associé. Mon installation se fera à condition de pouvoir apporter des terres supplémentaires (une trentaine d’hectares idéalement). C’est aussi la condition pour arriver à plus d’autonomie fourragère. J’ai donc d’abord besoin de foncier mais j’étudie toutes possibilités, s’il y a des bâtiments par exemple. 

Qu’est ce qui ne serait pas acceptable ?

Une exploitation trop éloignée du site familial (plus de 5 km) ne conviendrait pas. Et puis évidemment, le coût du rachat doit être raisonnable ! Je dois encore préciser ce chiffrage, mais on sait que les investissements sont souvent très lourds pour des jeunes qui s’installent.

Selon vous, qu’est-ce qui ferait la réussite de votre installation ? 

Bien sûr, je veux vivre de mon métier ! Mais avant ça, j’aimerais que les cédants donnent leur chance à tous ceux qui veulent s’installer. Je me suis rendu compte qu’il y a assez peu de transparence. Je suis attentif aux opportunités depuis plus de deux ans. Je ne voulais pas m’engager trop jeune mais j’ai toujours guetté les possibilités… Ce n’est pas facile de saisir la bonne opportunité au bon moment dans ces conditions. Alors quand les cédants vont au contacte des jeunes, c’est mieux ! C’est aussi le rôle d’un syndicat de nous accompagner sur ce sujet. 

Thierry Chauvin, 58 ans, associé du Gaec Les Trois Sources à Chauché, prépare son départ en retraite. + photo crédit Chambre agriculture Vendée

Qu’est-ce qui avait motivé votre installation, il y a trente-trois ans ?

J’ai fait un CAP mécanique mais j’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’envie d’être aviculteur. Alors, quand un voisin de mes parents (qui étaient agriculteurs) a dû chercher un associé, j’ai saisi l’occasion ! Ma condition était de créer un atelier de volailles. J’ai donc suivi une formation en aviculture durant six mois. Nous avons été associés jusqu’en 1999. Mon frère Jérôme m’a rejoint en 2008, puis mon autre frère Jean-Paul, à la création du Gaec avec son exploitation. Ma femme, Mireille est entrée dans notre structure à la retraite de Jean-Paul en 2022.

Selon vous, quel profil aurait le repreneur idéal ?

La polyvalence me semble impérative. Les associés doivent pouvoir se remplacer (pour l’atelier volaille comme pour les cultures) pour se dégager des vacances ou des jours de repos les week-ends. C’est un point important de notre fonctionnement. Au-delà de ça, nous sommes prêts à envisager tous les profils car plusieurs hypothèses sont possibles pour assurer la continuité du Gaec après ma retraite en 2026. Le fils de Jérôme pourrait rejoindre la société mais pas avant trois ou quatre ans sans doute. Mireille partira en retraite vers 2029. On peut donc imaginer plusieurs étapes, plusieurs reconfigurations de l’exploitation aussi. 

Quel projet de reprise ne serait pas acceptable, ne conviendrait pas ?

Et bien une personne qui n’aimerait pas l’élevage ou qui ne voudrait pas s’occuper des cultures ne pourrait pas intégrer le Gaec, car cela empêcherait notre équilibre de travail. Dans notre métier, il faut savoir accepter les aléas aussi : on travaille pour que tout fonctionne mais il y a parfois des moments difficiles. Quelqu’un qui n’est pas prêt à traverser cela aura du mal à devenir chef d’exploitation agricole. 

Qu’est-ce qui fera que votre projet de transmission sera réussi ?

Il faut bien préparer la future association en prévoyant six ou huit mois d’intégration en amont de l’installation pour se former progressivement et connaître ses associés (vérifier si on s’entend). 

Quelle est votre place dans cette transmission alors que vous préparez votre départ ?

J’ai été à l’origine de notre exploitation en créant l’atelier volailles, je l’ai faite évoluer aussi. J’ai envie de m’impliquer autant que mes associés dans la réussite de cette transmission pour que la vie du Gaec continue. Même si, une fois à la retraite, j’aurai plein de projets à concrétiser, ce sera avec plaisir, si besoin, de donner un coup de main. 

Propos recueillis par Catherine Baty