Vendée - De l’inconnue naissent des opportunités

Recensement agricole, conflit en Ukraine ou encore témoignages d’agriculteurs ont rythmé la session de la chambre d’agriculture de Vendée.

Réunis en session ce lundi 20 juin, les élus de la chambre d’agriculture ont souhaité insister sur trois sujets. Le premier concerne les résultats du recensement agricole 2020 qui a mis en lumière, entre autres, une progression de 18 ha de la surface moyenne régionale, un recul des orientations tournées vers l’élevage et la progression des signes de qualité et des circuits courts. En Vendée, plus particulièrement, 4 910 exploitations ont été recensées soit une baisse de 21 % depuis 2010. Il ressort également un recul de 10 % du chiffre d’affaires principalement en production porcine, volailles et bovins viande. La main-d’œuvre salariée est quant à elle en progression, tout comme la dimension des exploitations et les démarches de valorisation des produits agricoles.
Après cette présentation, la session a fait un point sur le conflit qui oppose Russie et Ukraine et l’impact sur l’agriculture française. Les premiers impacts se trouvant sur le marché des grains, huiles et tourteaux et enfin, ceux de l’énergie et des engrais. Par répercussion, cela a engendré une flambée du prix des charges. Fin avril 2022, l’indice Ipampa dépasse de 24 % son niveau d’avril 2021. Différentes pistes et adaptations des exploitations ont été appuyées par des accompagnements technico-économiques par la chambre comme une meilleure valorisation des fourrages, une augmentation de la part d'herbe pâturée, l’association cultures-élevages à renforcer, etc. Brice Guyau a présenté trois scénarios possibles : un compromis diplomatique est trouvé et les équilibres commerciaux ne sont pas modifiés ; l’Ukraine est scindée en deux et une nouvelle hiérarchie céréalière mondiale avec la Russie se met en place ; l’Ukraine est totalement annexée par la Russie entraînant une concurrence amplifiée livrée contre l’agriculture de l’Occident.

Réussite en agriculture
La session s’est poursuivie avec une table ronde autour de quatre témoignages d’agriculteurs qui sont revenus sur leur parcours de vie demandant souvent adaptation et résilience. À l’image de Aurore Reveiller qui s’est installée il y a trois ans en volailles pleine air avec son conjoint après avoir travaillé dans le domaine assurantiel. Un retour aux sources pour cette fille d’agriculteur qui, aujourd’hui, est épanouie dans son métier et trouve un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, et ce, malgré les aléas du quotidien. Une motivation et une volonté que l’on retrouve chez Romain Grassineau. Après avoir travaillé dix ans en mécanique agricole, il a repris l’exploitation familiale à Aubigny-Les-Clouzeaux, sans l’élevage, et développant un système céréalier optimisé et adapté à ses besoins. Père de famille et chef d’entreprise, il mène une vie comme « tout patron ». Il innove, teste, répare et échange avec ses voisins, Geda et Cavac. La vie n’est pas toujours simple mais Romain n’a pas de regret et se sent lui-même. La notion de remise en question et d’adaptabilité n’est pas non plus inconnue pour Christian Belaud. Suite à un grave accident de travail de son épouse, le couple a dû revoir son système d’exploitation. Après différentes réflexions, les exploitants changent leur mode de fonctionnement arrêtant l’élevage et en se recentrant sur les céréales, une société de prestation de services et de stockage. D’autres marchés de niche se présentent aussi comme des opportunités qu’ils saisissent. Aujourd’hui, l’exploitation est en phase de transition car le fils prévoit une installation. Enfin, Laurent Poirier a terminé ces prises de parole avec un témoignage axé sur la force du collectif. Comme dit l’adage « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Entre les deux, Laurent a fait le choix du « ensemble ». Que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, l’éleveur a profité de la dynamique du collectif pour avancer et développer des projets et saisir des occasions comme la création d’un magasin de producteurs qui lui a ouvert de nouvelles perspectives.
Tour à tour, ces chefs d’entreprise ont illustré le fait que la vie d’agriculteur n’avance pas, voire jamais, à un rythme de croisière et que ce sont aussi ces inconnues qui créent des opportunités.

Delphine Bisson