Vendée - Décapitalisation : Leclerc et les éleveurs tirent la sonnette d’alarme

Les élus du réseau FDSEA et JA de Vendée ont rencontré, vendredi 21 octobre, les propriétaires des magasins Leclerc de Vendée pour un échange autour de la conjoncture en élevages. La raréfaction des bêtes sur le terrain amène à une situation inédite.

À situation jamais vue, réunions jamais vues. Ou presque, car c’est bien la deuxième fois que les représentants du réseau FDSEA et JA de Vendée rencontrent les adhérents (comprendre les propriétaires) des magasins Leclerc de Vendée. Vendredi dernier, les adhérents ont en effet invité les élus autour de la table au Leclerc de La Roche Sud, pour discuter d’un sujet de préoccupation majeur : la conjoncture en élevage. Entre explosion des coûts de production des éleveurs, décapitalisation visible sur le terrain, contexte sanitaire difficile en volaille et hausse des coûts de mise en rayon pour les magasins (prix de l’énergie, de l’essence, du Smic, etc.), la situation est tendue pour tout le monde. Comment réagir dans ce contexte inédit ?
Moins de bêtes et moins de lait : quand les rayons ne sont plus pleins
« Comment ça se passe sur le terrain, quelles sont les chiffres ? » La question des adhérents des Leclerc tombe dès le début des discussions. Et malheureusement, les éléments de réponse des éleveurs ne sont pas vraiment rassurants. Diminution de 5 % par an du cheptel bovin allaitant, difficulté pour les coopératives laitières de trouver suffisamment de lait, influenza aviaire en volaille, menace de la fièvre porcine africaine en porc… La baisse de production est réelle, directement liée à la baisse du nombre d’éleveurs et à la végétalisation des exploitations. « Sans compter les coûts de production qui ont explosé dans toutes les filières ! », soulignent les élus. Les produits de l’élevage se font de plus en plus rares.
Et c’est la première vraie préoccupation des magasins : l’approvisionnement. « Plus que le prix, nous négocions aujourd’hui l’approvisionnement, affirme Hervé Jaud, adhérent des deux Leclerc de La Roche-sur-Yon. La preuve, nous avons déjà passé sept points d’augmentation dans nos rayons, alors qu’en amont, les industriels nous en ont passés une douzaine. Ce qui veut dire que les augmentations ne sont pas terminées pour les consommateurs, alors qu’en parallèle nous nous dirigeons vers des manques déjà annoncés pour les fêtes, par exemple en foie gras. Il va surement se consommer de la viande rouge, mais comment être sûr de la trouver sur le terrain ? »
« C’est là que la loi ÉGAlim 2 prend tout son sens, affirme Brice Guyau, président de la FDSEA de Vendée. Contractualiser sur des volumes doit permettre de sécuriser l’approvisionnement des industriels, et par conséquent, de magasins. En face, il faut que ça sécurise les revenus et l’outil de production de l’éleveur. Qu’il puisse se dire : “étant payé à mon coût de production, je sais que dans trois ou cinq ans j’aurai toujours un atelier viande ou lait rentable” ».
Faire redescendre la valeur jusqu’aux éleveurs : à qui la balle ?
Et c’est bien là où le bât blesse : il n’y a que très peu de contrats ÉGAlim 2 signés sur le terrain, malgré le fait qu’ils soient obligatoires en viande bovine depuis le 1^er janvier 2022. La faute aux industriels qui ne jouent pas le jeu, selon les propriétaires des magasins. « J’ai passé plusieurs contrats ÉGAlim 2 sur des volumes réduits avec des éleveurs locaux, en prenant bien en compte les coûts de production interprofessionnels et à des taux importants, discuté avec les agriculteurs, explique Hélène Delestres, adhérente du Leclerc des Herbiers. Mais le gros des volumes passe par des industriels qui ont choisi l’option 3 de la loi, c’est-à-dire aucune transparence vis-à-vis de nous sur la décomposition de leurs prix de vente. Quelle est leur part, et celle des éleveurs ? Nous avons passé 25 % de hausse sur la viande bovine ces derniers mois. Cet argent est-il redescendu dans les cours de ferme ? » Pour partie, oui, car Régis Guibert, président de la section Viande bovine de la FDSEA, explique que les prix payés aux éleveurs n’ont jamais été aussi hauts depuis vingt ans. Mais le prix payé seul ne suffit pas : il faut regarder ce qu’il reste quand on a payé les coûts à la production.
Lire l’intégralité de notre article dans notre édition du vendredi 28 octobre.

Vincent Dufau