Vendée - Vives réactions de la part des représentants locaux

Les responsables agricoles locaux font part de leur indignation suite aux événements de ce week-end dans les Deux-Sèvres et affirment leur soutien à la FNSEA 79.

Joël Limouzin, membre du bureau de la FNSEA et président de la chambre d’agriculture de Vendée

« L’agriculture n’est pas à la traîne »

« En réaction aux manifestations de ce week-end, j’apporte toute ma solidarité et tout mon soutien aux agriculteurs qui ont subi un véritable traumatisme avec l’invasion de leurs champs, les dégâts subis sur leurs cultures et l’impossibilité de pouvoir exercer leur travail. Leur réaction a été très digne et sans heurt contrairement aux agissements des manifestants. La tentation de tomber dans la surenchère est forte. Même s’il ne faut rien lâcher et ne rien laisser passer, il est indispensable que les condamnations de ces agissements criminels émanent des institutions de notre pays. Nous sommes dans un État de droit ! Les projets de réserve portés par la Coop de l’eau du 79 et son président Thierry Boudeau ont été présentés et menés dans la concertation. Dans le contexte du changement climatique, le stockage de l’eau permet d’équilibrer le manque d’eau en été et les excès d’eau en d’autres saisons. Au sein des territoires, il faut poursuivre le Varenne de l’eau en réalisant des PTGE (Projets de territoire pour la gestion de l’eau). Chaque territoire a ses particularités qu’il faut prendre en compte. Les zones de plaine calcaire sont différentes des zones de bocage où des réserves collinaires en argile avec des digues sont possibles. La désinformation relayée ce week-end n’est pas tolérable. L’agriculture n’est pas à la traîne et travaille depuis longtemps déjà pour une meilleure gestion de l’eau. Plusieurs éléments doivent être rappelés : les projets sont collectifs avec des répartitions de volume d’irrigation pour un plus grand nombre d’agriculteurs, les prélèvements agricoles sont en baisse, le remplissage des réserves à partir des nappes phréatiques est possible uniquement quand l’eau est en surplus et à partir d’un niveau qui n’impacte pas le milieu naturel. La substitution permet d’ailleurs d’augmenter de 5 à 6 % le débit des cours d’eau en période estivale pour une diminution de 1 % seulement l’hiver. Des rapports scientifiques du BRGM le démontrent. »

 Brice Guyau, président de la FDSEA 85

 « Il est essentiel de jouer collectif »

« L’emballement médiatique, les réseaux sociaux, la recherche du buzz ne sont pas compatibles avec l’agriculture qui est un travail du vivant et de cycles. La méconnaissance, la bêtise, l’aveuglement font naître des fantasmes et des erreurs sur le fonctionnement ainsi que l’utilité des réserves de stockage. Ces visions erronées proviennent d’extrémistes, de politiques trop habitués aux bureaux et plateaux de télévision parisiens, mais s’ajoutent à eux nos collègues de la Confédération paysanne. Ce syndicat a-t-il encore sa place aujourd’hui ? La question se pose s’il n’est pas capable de remplir sa fonction en défendant les agriculteurs et en cherchant à comprendre le fonctionnement des réserves de substitution. Faire de l’agribashing au sein de la même profession n’est pas digne d’un syndicat agricole. À la FDSEA 85, nous sommes présents auprès de nos adhérents et même au-delà pour défendre toute l’agriculture. Il est essentiel de jouer collectif. Qui ne dit mot consent ! Le syndicalisme existe pour faire passer des messages. La FDSEA 85 affirme sa position en tant que défenseur du stockage de l’eau, le travail collectif avec tous les autres usagers et les collectivités se poursuit. Nous ne cherchons pas à opposer les systèmes mais bien à rassembler. Soutien à nos collègues des Deux-Sèvres et soutien aux projets de réserves. Nous ne tolérerons jamais les attaques contre le monde agricole. Je tiens à saluer le travail local de la FNSEA 79, et son président Denis Mousseau, pour l’aide aux agriculteurs locaux. Ils ont fait preuve d’un sang-froid remarquable pour rester digne et ne pas tomber dans le piège des provocations pour laisser la puissance publique remplir son rôle plutôt que faire justice soi-même. Dans ce sens, la validation des projets de réserves sont concertés et légaux, ils doivent se poursuivre. La FNSEA au niveau national dans un travail de l’ombre au sein des sphères politiques participe aussi à la défense de notre agriculture et de son futur. »

Éric Porcher, président de la commission Eau de la FDSEA 85

« L’irrigation permet d’assurer la souveraineté alimentaire de la France »

 « Les attaques subies par nos collègues du 79 le week-end dernier sont inacceptables. L’État doit prendre des sanctions fortes ! La Vendée a été ciblée aussi l’été dernier. La gestion de l’eau est un équilibre fragile. L’État doit être vigilant à ne pas faire pencher la balance du côté des minorités extrémistes en laissant passer depuis un an des actes de terrorisme sans sanctions exemplaires ! Nous le constatons aujourd’hui avec l’énergie, jouer à un jeu politique électoral mettra à mal le pays. L’irrigation permet d’assurer la souveraineté alimentaire de la France. Elle est une sécurité pour tous les types d’agricultures ainsi que toutes les productions. Nous ne cesserons jamais de le marteler. C’est grâce au développement de l’irrigation que nous avons pu diversifier les cultures, faire de la production de semences, assurer une sécurité fourragère pour les éleveurs. Nous cherchons depuis de nombreuses années à nous adapter au changement climatique. Quoi qu’en dise nos opposants ! Les scientifiques du Giec ont mis en avant la modification des précipitations dans les prochaines années : plus intenses et plus violentes. Le stockage de l’eau est donc indispensable pour faire face à ces changements. Les réserves de substitution qui ont vu le jour en Vendée pour diminuer la pression des prélèvements estivaux sont des solutions construites scientifiquement et collectivement. Conjugué à des progrès techniques, des pratiques culturales novatrices, une gestion concertée et collective, le résultat positif est prouvé. Notamment en 2022 avec des niveaux de nappes et des marais préservés dans le marais Poitevin vu le contexte de sécheresse historique. Le niveau des milieux naturels est d’ailleurs un des combats actuels de la FDSEA 85, nous demandons à ne plus considérer des dates administratives pour remplir nos réserves (actuellement du 1er novembre au 30 mars) mais bien les niveaux réels du milieu naturel. Le recours contentieux contre le Sdage Loire-Bretagne pousse dans ce sens. »