Assemblée générale - Trois parcours inspirants

Une quarantaine de personnes s’est retrouvée vendredi 19 avril pour participer à l’AG annuelle d’Afdi 85 sous la houlette de son président Jean-Paul Rivalin

A l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’Afdi 85, une table ronde sur la place des femmes en agriculture a été organisée et animée par Caroline, animatrice de l’Afdi 85. Entourée de deux agricultrices de Vendée : Agnès Texier, éleveuse laitière et de volailles à Aubigny-Les-Clouzeaux depuis 1991 avec son mari et Régine Caquineau installée à Aziré en 2003 en SCEA avec son mari, éleveuse de bovins allaitants, productrice de légumes secs bio avec ventes dans des casiers fermiers dans deux magasins de produits locaux. Asma Milki, partenaire Tunisienne d’Afdi, apportait de son côté son témoignage d’agricultrice au centre de la Tunisie.

 “Seuls les hommes héritent des terres de leurs parents”

Asma est une jeune femme tunisienne de 31 ans, ingénieure agronome de formation. Elle s’est installée en 2019 avec son mari comme cheffe d’exploitation sur les cinq ha de terres dont ce dernier a hérité de sa famille. Car dans le Sud de la Tunisie, la coutume veut que seuls les hommes héritent des terres de leurs parents. « J’ai cédé ma part d’héritage à mon frère », explique ainsi Asma, venue dans les Pays de la Loire, dans le cadre du partenariat entre l’Afdi et l’Association des jeunes agriculteurs (AJA) de la région de Gafsa en Tunisie. Avec cette règle, seuls 5% des terres agricoles de cette région appartiennent à des femmes, alors que celles-ci représentent 70% de la force de travail dans les champs. Même combat pour obtenir un prêt de la part d’une banque : « ce n’est pas possible pour une femme à moins de passer par un homme de la famille », ajoute-t-elle. Cela n’a pas empêché Asma de développer l’exploitation avec son mari, à l’origine plantée en oliviers et pistachiers, en ajoutant une production de plantes médicinales bio, romarin, marjolaine, et surtout la moringa, une plante pluriannuelle particulièrement résistante à la sécheresse -une nécessité quand on voit la pluviométrie de cette région tombée à 80 mm l’année dernière- qu’elle sèche et conditionne pour la vente de thé, compléments alimentaires et autres mélanges d’herbes aromatiques. Pour cette activité et pour les travaux des champs, exclusivement manuels, Asma et son mari embauchent cinq saisonniers, principalement des femmes. Et, nouveauté, ils ont mis en place en 2020 l’égalité salariale. « Avant, pour huit heures de travail, un homme était payé 20 dirhams quand une femme était payée 15. Nous avons fait le choix de passer les femmes à 20 », annonce-t-elle fièrement

Et en France ? 

Si la situation est évidemment incomparable en France, les femmes agricultrices doivent probablement plus se battre que leurs homologues masculins pour faire leurs preuves. C’est le témoignage que sont venues apporter Agnès et Régine.

Agnès est issue d’une famille agricole et a fait des études en agriculture. C’est seulement après le départ en pension du troisième enfant qu’elle à pu, enfin, s’engager dans la prise de responsabilités en dehors de l’exploitation (FDSEA Vendée, FNPL, Seenovia, Les Etablières) « Dans une ferme, on est relativement isolée. » 

Régine est arrivée en Vendée en 2000 en affirmant sa volonté d’avoir un métier à part entière. Son mari l’a beaucoup encouragée à prendre la place qu’elle souhaitait. « Les trois premières années il faut faire ses preuves.  Aujourd’hui les gens s’habituent à voir des femmes dans une cabine de tracteur… » 

Être femme en agriculture, et surtout être mère, impose une bonne organisation du travail dans l’exploitation. Le partage des tâches, au sein de nouvelles générations de couple, semble permettre aux femmes de s’investir pleinement dans leur métier d’agricultrice et même de s’engager au sein des organisations de producteurs et du syndicalisme agricole. Régine a ainsi intégré le groupe des bottées de la Cavac créé il y a deux ans pour échanger, donner envie aux femmes d’aller plus loin dans l’engagement professionnel. Il n’est pas question de rester entre nous mais de mettre en avant les avantages à être une femme en agriculture. Il n’y à pas une idée d’opposition aux hommes. C’est aux femmes d’agir.

Plusieurs éléments concourent à faciliter la place des femmes en France et certainement ailleurs. La formation et le regroupement des femmes a permis de progresser dans bien des domaines. Les lois en France ont été appliquées. L’accès aux réseaux sociaux est déterminant pour partager les expériences. Pour faire ses preuves il faut aller aux contacts, poser des questions quand on ne sait pas. Aller vers les bonnes personnes, en toute humilité, facilite l’intégration.

Asma, Agnès et Régine ont donc, chacune à des échelles différentes, dû jouer des coudes pour en arriver là où elles en sont aujourd’hui. Trois parcours inspirants pour les jeunes femmes qui, de part et d’autre de la Méditerranée, rêvent de se lancer dans la voie de l’agriculture ! 

D’après communiqué de l’Afdi 85