[COVID-19] Vendée - Entreprises, coopératives : la résilience gagne du terrain

En Vendée, comme ailleurs en France, l'activité économique n'est pas  à l'arrêt,  mais  fortement ralentie. Les entreprises et coopératives s'organisent, notamment dans les secteurs agricole et agroalimentaire.

Partout, des rappels au respect des désormais universels gestes barrières sont martelés et appliquées. A la coopérative d’Herbauges, ces mesures sont prises une semaine avant l’annonce du confinement de la France par le président de la République, lundi 16 mars. Les personnes non utiles sur site sont en télétravail et celles présentes pour assurer la logistique, la production ou le transport évitent tout contact entre elles. « Il n’y a qu’une seule personne par bureau. Nous voulons maintenir le service le plus longtemps possible et faire en sorte qu’aucun de nos collaborateurs ne soit infecté. Concernant le suivi technique, nous le faisons à distance », précise Jean-Michel Bréchet, directeur.
Chez Val de Sèvre, seules les visites en élevage au niveau de l'écouvillonnage sont conservées. «  Côté agricultrices et agriculteurs, nous insistons sur les mesures de biosécurité depuis deux ans déjà, rappelle Michel Fruchet, directeur général. Celles mises en place dans le cadre du Covid-19 sont similaires. Les mesures de distanciation s'ajoutent cependant.  »

Activité continue

Une distance également mise en place chez Cap'élevage. «  Une partie de notre personnel est en télétravail, indique Eric Baldo, directeur. Nos techniciens ne se déplacent chez les éleveurs qu'en cas d'absolue nécessité.  » Il l'assure, les enlèvement continuent. «  Les abattoirs doivent tourner.  Rien ne change en terme d'activité.  » 
Cavac le garanti également aux éleveurs : «  Nous poursuivrons les prises de commandes et livraisons d’aliments, les achats de bovins et les enlèvements des animaux à destination des abattoirs (ovins, porcs, volailles et lapins). Nous poursuivrons aussi les mises en place d’animaux dans les élevages  », souligne Frédéric Monnier, directeur pôle Animal. Les équipes techniques, commerciales, vétérinaires, inséminatrices lapins restent en poste et sont joignables par téléphone. Elles peuvent se déplacer en élevage avec l'accord des éleveurs et pour des situations d’urgence. Côté approvisionnements, ils se déroulent sans problème particulier. «  C’est important en cette période de temps favorable aux travaux agricoles  », souligne Jacques Bourgeais, directeur général de Cavac.

De vrais MacGyver

Ces derniers sont d'ailleurs en pleine préparation dans les ateliers des Entreprises des territoires (EDT) et des Cuma. «  L'avantage, c'est que nous travaillons seul dans les tracteurs et, dans les ateliers, les salariés ne sont pas physiquement proches, rappelle Patrick Bretin, président d'EDT Vendée. Pour le moment nous préparons le matériel avant la grosse période. Il faudra toujours qu'on intervienne chez les agriculteurs.  »
En EDT, à chaque chauffeur sa machine. Si quelqu'un d'autre doit l'utiliser, elle est désinfectée. Même règles en Cuma  pour lesquelles le partage de matériel est cependant légion : désinfection des volants et commandes systématique. Une règle qui doit être édictée par chaque responsable de Cuma. 
L'inquiétude concerne l'approvisionnement en pièces  : «  J'en attends d'Autriche par exemple. Mais nous sommes des MacGyver, nous avons l'habitude  », dédramatise Patrick Bretin.
Pour les Cuma, impossible de préparer les chantiers comme à l'habitude, via des réunions. «  Nous allons entrer dans la période des ensilages, souligne Laurent Lesage, président de l'Union des Cuma, section Vendée. Dans notre coopérative nous allons peut-être nous mettre en extérieur pour respecter les distances de sécurité tout en discutant.  »

-25 % chez Val de Sèvre

Cependant, l'impact de la crise sur l'activité est inévitable pour certaines entreprises et coopératives. «  Le canard n'est pas une protéine de crise », reconnaît Michel Fruchet. En temps «  normal  », le marché national du foie gras se réparti ainsi : 40% des produits sont destinés à la restauration hors foyer aujourd'hui à l'arrêt, 10% à l'export et 50% aux GMS, explique le directeur de Val de Sèvre également président de l'interprofession du Foie gras. La coopérative se voit donc dans l'obligation, jusqu'à fin mai, de réduire la voilure de 25% pour la partie abattage. «  Nous allons allonger les durées d'élevage de huit à dix jours. »
Cette diminution de l'activité en élevage impacte inévitablement celle de l'usine Delpeyrat, transformant 100% des animaux de Val de Sèvre. « Ma principale préoccupation est que chacun puisse embaucher. Si je ne peux pas faire tourner l'usine, je ne peux plus mettre en place les animaux dans les élevages. La cascade est violente, s'inquiète Michel Fruchet. Et c'est dans les deux sens. »
«  Nous ne pouvons pas mesurer l'ampleur des conséquences économiques aujourd'hui, constate Eric Blado, directeur de Cap'élevage. Je pense que, pour le moment, l'agroalimentaire n'est pas vraiment impactée. Mais l'effet domino arrive, on le voit poindre.  »