Deux motions adoptées en session de la chambre d’agriculture de la Vendée

La session de la chambre d’agriculture de la Vendée de jeudi 17 novembre a notamment adopté deux motions. Son président, Joël Limouzin, nous les présente.

Sur quoi portaient les deux motions adoptées lors de cette dernière session ?

Joël Limouzin : La première motion, présentée par la FDSEA, les JA et la chambre d’agriculture, concerne l’influenza aviaire qui a touché début 2022 la Vendée et où la situation reste encore très fragile, avec de récents cas déclarés. Nous avons pris acte des nouvelles exigences sur la biosécurité, seul moyen aujourd’hui d’éviter les contaminations. Nous actons aussi l’existence de la mise à l’abri des animaux (quels qu’ils soient) car nous sommes en période de migrations de faune sauvage. Nous n’avons plus le droit d’avoir un dispositif défectueux comme celui du printemps dernier. Le second volet de cette motion porte sur l’attente forte du règlement rapide des soldes d’indemnisations pour les aviculteurs. Certes, les acomptes ont permis aux trésoreries des exploitations de tenir le choc. Aujourd’hui, il est urgent de verser les soldes de ces aides. D’une part, l’euthanasie et la perte des animaux du ressort sanitaire de la Direction départementale de la protection de la population (DDPP) ; d’autre part, le versement du solde - pour fin 2022 et début 2023 - des vides sanitaires contraints de la fin de l’été, indemnisant la perte de marge.
Nous avons aussi souligné l’intérêt de la vaccination. Nous sommes même candidat, sur une zone déterminée de la Vendée, pour tester le vaccin. Ce qui est lié aussi à notre requête d’une validation européenne pour cette vaccination. Rien de neuf : dans le Sud-Ouest, depuis trois ou quatre ans, on parle déjà de vaccination pour la filière Canard. Mais des réticences (enjeux de marché, exportation de la génétique) l’ont toujours empêchée. Vu la situation actuelle en Europe et aux États-Unis, il est indispensable que l’Office international des épizooties (OIE) donne son aval pour la vaccination contre cette maladie devenue désormais endémique. Mais il faut aussi que l’Europe (et la France) se donne(nt) cette ambition d’appliquer cette vaccination qui, même si elle ne réglera pas tout, apportera sécurité et sérénité aux éleveurs. Cette motion a été adoptée à l’unanimité par les élus.

Comment a été adoptée la seconde motion ?

Moins largement mais à la majorité (un contre, et une abstention). Présentée par la FDSEA et les JA, cette motion très syndicale porte sur les réserves d’eau. Elle interpelle le préfet sur le sujet et sur les auteurs de vandalisme, en Vendée en août ou en Deux-Sèvres récemment, afin que la justice effectue son travail et ne laisse pas sans impunité les auteurs de ces actes. Y compris pour certains élus de la République qui se sont associés à la dernière manifestation, interdite par la justice et le Gouvernement, du fait de risques dus aux casseurs présents. Nous voulons le respect de l’État de droit, tant à Sainte-Soline qu’à Mauzé-sur-le-Mignon.
Nous sommes satisfaits de voir que les travaux ont repris, après la manifestation, sans installation d’une zone à défendre (Zad).
Cet enjeu de l’eau doit être réaffirmé pour apporter de la sécurité aux agriculteurs. La prévention est certes indispensable mais quand l’eau tombe en abondance, aussi mal répartie soit-elle, nous devons pouvoir la stocker. Je rappelle que l’eau prélevée l’est dans les nappes phréatiques, quand il y a de l’eau en excès dans ces nappes ! En Vendée, depuis près de quinze ans, nous avons réussi à relever les niveaux d’eau dans le marais Poitevin : en 2022, malgré la sécheresse, ces niveaux ont été maintenus à un niveau normal. Grâce à ce travail de gestion de l’eau collectif ! Nous avons déjà démontré l’intérêt des réserves de substitution et des retenues collinaires.

D’autres sujets étaient-ils à l’ordre du jour de cette session ?

Oui, les élus ont écouté deux présentations. D’abord Pierre-Yves Amprou, du pôle Économie et Perspectives de la chambre d’agriculture Pays de la Loire, a montré l’évolution des coûts de production et leur explosion (en alimentation animale, énergie…), ce qui amène des changements radicaux notamment sur le marché agricole. Ces prix de marché ont aussi augmenté, dus à une production en baisse et une demande plus forte. Dans un deuxième temps et au vu de ces coûts de production très élevés, avec en toile de fond l’application de la loi ÉGAlim (prix plus élevés payés aux producteurs), cela devrait donner des perspectives pour les jeunes et pour l’avenir.
Laurent Gaboriau, de la chambre d’agriculture de Vendée, a relevé de façon pragmatique, pour chaque système de production, les marges de manœuvre (certes étroites) et la répartition des coûts dans le poste « charges » et les adaptations nécessaires pour les réduire. Des pistes comme l’agrivoltaïsme ou le photovoltaïsme sont à creuser pour aller vers l’autonomie électrique, même partielle, de nos exploitations. Ou vers l’autonomie fourragère, en adaptant nos assolements tant en élevage (disponibilité fourragère toute l’année) que pour les grandes cultures, en les diversifiant pour limiter les risques : maïs, colza, tournesol… Face à l’enjeu de la souveraineté alimentaire, si nous voulons répondre présents, il nous faut passer à la diversification et donner de la perspective à nos jeunes, pour le renouvellement de nos générations.