L’été sera-t-il à risque comme en 2022 ? Le point sur la situation et des recommandations avec le commandant Guillaume Nicol, responsable du service Prévision Planification au Sdis de Vendée*.

La situation actuelle est-elle spécialiement à risque pour des incendies de végétation ?
 

Guillaume Nicol : Nous surveillons particulièrement les feux de végétation depuis un mois. Pour le moment, sur cette période, nous avons recensé 35 interventions (pour 34 ha de surface végétale brûlée, que ce soient des cultures ou des herbes hautes de bords de route). Pour l'instant, les conditions météos ne sont pas trop défavorables. Les Indices de feu météo (IFM) qui tiennent compte des conditions climatiques (hygrométrie dans l’air, vitesse du vent) ne traduisent pas de risque sévère ou très sévère. L’Indice éclosion et propagation (IEP), autre indicateur important, a atteint le niveau quatre sur une graduation allant jusqu’à six. Cet IPE est déterminé en fonction du degré de sécheresse des végétaux (taux d’humidité dans la matière vivante et morte au sol). Quand ces deux indices, IFM et IEP, sont réunis, alors les conditions maximales de risque sont présentes. Ce n’est pas le cas à ce jour en Vendée, même si elles peuvent rapidement évoluer. 

En agriculture, l’origine des incendies dans les cultures est bien identifiée. Quelle vigilance faut-il renforcer ?

Nous avons édité et diffusé dans le réseau professionnel agricole un document soulignant les points de vigilance et précautions principales (voir ci-contre, NDLR). On sait que les conditions météos propices aux départs de feux sont aussi celles attendues par les agriculteurs pour démarrer les travaux dans les champs. Il faut donc particulièrement être en alerte à cette période-là. Pendant la récolte, on demande aux agriculteurs de prévoir un point d’eau à proximité et des moyens de projection car ce sont dès les premières minutes qu’il faut agir. On préconise également la présence d’outils de travail du sol (déchaumeur, décompacteur, cultivateur) pour établir une zone coupe-feu afin de réduire la puissance des flammes et ralentir la propagation. Toujours durant les moissons, il faut être attentif aux odeurs et bruits inhabituels suspects : s’arrêter à temps, vérifier ce qui se passe et éventuellement stopper les travaux. Les agriculteurs peuvent aussi agir avant les récoltes, lorsqu’ils préparent les cultures : supprimer les risques comme les pierres, les objets métalliques repérés dans la parcelle. Le bon entretien du matériel est un autre point de prévention (pas trop poussiéreux, il doit être graissé, etc). 

Quand le feu est déclaré, comment réagir ? 

Il faut nous joindre le plus rapidement possible via le 18 ou le 112 ; indiquer précisément le lieu de l’incendie. En activant la géolocalisation sur les téléphones, nous pourrons identifier précisément le champ où intervenir. Si nous demandons aux agriculteurs de prévoir des moyens d’intervention (points d’eau, outils de travail du sol), cela ne signifie pas qu’ils doivent forcément agir avant que les pompiers arrivent ! Il est trop dangereux de s’engager trop près d’un feu. Il faut rester à distance d’une quinzaine de mètres et s’éloigner des fumées. 

Les agriculteurs sont-ils, selon vous, de plus plus précautionneux vis-à-vis de ce risque ?

Je pense que l’on observe une sensibilité accrue des professionnels sur ce risque incendie depuis l’été dernier où les agriculteurs se sont beaucoup mobilisés pour aider les pompiers dans la lutte contre les feux. Ils ont mis à disposition leurs moyens, faisant preuve d’une belle solidarité. 

Propos recueillis par Catherine Baty