Le vermifuge, c’est pas automatique

Les antiparasitaires sont des médicaments très utiles mais ils ont leur limite car certains parasites développent des résistances. Les nouvelles recommandations conseillent d’éviter les traitements systématiques pour limiter ces résistances et de réfléchir chaque cas. Rappelons aussi que chaque antiparasitaire a un spectre d’action précis.

Il y a un chiffre important à connaître : huit mois. Il faut huit mois de pâture pour une génisse pour développer son immunité sur les strongles…
Il s’agit de temps de pâturage, pas d’âge de la génisse. En clair, pendant les 320 jours où elle pâture, la génisse apprend et construit petit à petit ses défenses vis-à-vis des strongles. Avant ces huit mois de pâturage, elle n’est pas encore immunisée et donc vulnérable. Après ces huit mois, elle ne devrait plus être embêtée par les strongles. Cela réduit le nombre d’animaux à risque et explique ce que vous saviez déjà, c’est-à-dire qu’il faut être vigilant avec les génisses de première et deuxième année de pâture.

Comment traiter si le problème n’est pas connu précisément ?
Il va être nécessaire d’identifier les parasites présents et de vérifier leurs niveaux d’infestation à la rentrée à l’automne pour que vos génisses ne soient pas malades. Les analyses sont alors indispensables. D’ailleurs, renseignez-vous car certains GDS et laboratoires proposent des packs d’automne.
Les deux analyses majeures sur les génisses sont un prélèvement de la bouse, la « copro », et les prises de sang pour rechercher le pepsinogène.
La « copro » est un prélèvement simple mais rappelez-vous que c’est un prélèvement vivant qui peut se modifier dans le temps. Assurez-vous qu’il soit le plus rapidement possible au laboratoire. Là-bas, la bouse est préparée et posée sur une lame de microscope. C’est un œil humain, pas une machine, qui identifie et compte les œufs ou les larves présents dans votre prélèvement. Un conseil : si vous souhaitez faire une analyse de lot pour limiter les coûts, prélevez et envoyez des échantillons individuels que le laboratoire mélangera lui-même avec beaucoup plus de précision. C’est un bon outil pour rechercher les différents strongles digestifs ou pulmonaires, la coccidiose et le paramphistome (sauf l’hiver où on ne le retrouve plus).
L’autre analyse est le dosage de pepsinogène dans le sang. Cette protéine est le précurseur de la pepsine, une enzyme de la caillette. Si ce précurseur se trouve dans le sang, c’est que des cellules de la caillette ont été cassées par des vers qu’on appelle Ostertagia. Plus il y a de pepsinogène dans le sang, plus il y a de vers. Sur nos génisses, il s’agit de vérifier qu’il n’y a pas trop de vers pour qu’elles ne soient pas malades. Mais ce résultat permet de vérifier autre chose : contrôler le contact réel avec le parasite. Pour cela, on espère une petite présence de pepsinogène qui signe un peu de parasites. Cela signifie que votre génisse a pu apprendre à développer son immunité. Cette analyse est donc un bon outil pour évaluer si votre conduite permet bien l’installation de l’immunité naturelle de vos animaux.
Alors à l’automne, si vous voulez savoir comment agir au mieux pour vos génisses, investissez dans les analyses nécessaires. Votre vétérinaire praticien est là pour vous accompagner dans cette démarche. N’hésitez pas à le solliciter.