Maîtriser le pH pour diminuer l’apport en azote

Améliorer la fertilité des sols, tout en diminuant les besoins des cultures en fertilisants azotés, Sébastien Boissinot témoigne.

Un sol fertile permet aux cultures d’avoir un meilleur enracinement et donc un accès plus important à l’eau et éléments fertilisants présents dans ce dernier. Il permet aussi de limiter l’apport en matière azotée tout en améliorant les rendements des cultures en place. En Vendée, les sols sont majoritairement hydromorphes de type limoneux. Or, sur ces parcelles, les quantités d’azote présentes dans le sol sont moindres, ce qui nécessite des apports en azote minéral plus élevés lors des années humides. 

Sébastien Boissinot, agriculteur en polyculture élevage avicole à La Tardière, s’est lui aussi confronté à ce problème lorsqu’il a repris l’exploitation de ses parents, il y a onze ans maintenant. « Mes parents avait un élevage bovin et les 65 hectares de l’exploitation étaient essentiellement des prairies avec quelques parcelles de blé. » Lorsque Sébastien s’est installé, il a diminué l’atelier bovin pour favoriser les cultures et par la suite commencer un atelier volaille. Un gros travail de fertilisation du sol a alors été entrepris. 

« Il y a onze ans, les rendements sur le blé étaient de 40 q/ha et le pH du sol autour de 4,5-5. Or, on sait qu’un sol non acide va permettre d’avoir de meilleur rendement. On a donc procédé à un chaulage de redressement pour remonter le pH rapidement. » Sept tonnes de chaux par hectare ont été utilisées pour faire le chaulage de redressement, « c’est une grosse dose, qui a coûté cher, mais on a réussi à échelonner sur plusieurs années et les résultats parlent d’eux-mêmes. » Le pH du sol est alors arrivé à 6,5-7, et les rendements de blé ont augmenté de 20 q/ha et de 10 q/ha pour les colzas. Aujourd’hui, Sébastien entretient ses sols grâce à un chaulage d’entretien effectué tous les deux ans afin de maintenir le pH vers 6,5. « La dose de chaux a bien diminué aussi, pour les 65 hectares, on utilise plus qu’une seule tonne, comparé aux trois tonnes par hectare quand on a fait le redressement. » 

Différents leviers pour diminuer l’apport d’azote minéral

Depuis la pratique du chaulage sur l’exploitation, en plus des meilleurs rendements, les sols ont besoin de moins d’apport en azote minéral. « On a presque diminué par deux l’apport d’engrais, même avant la modulation. » En plus de travailler avec Fertilio Sat*, depuis l’an dernier, l’exploitation est équipée pour la modulation intraparcellaire afin d’adapter au mieux les doses d’azote aux parcelles. « Pour la première année, on a fait une économie de 10 tonnes d’engrais, ce qui n’est pas négligeable au vu du prix de l’engrais. »

Sébastien continue d’apporter de l’azote organique en épandant son lisier de volaille. « Les épandages nous permettent d’apporter des nutriments au sol, mais aussi de réguler le pH. » Le lisier de volaille, et de canard est particulièrement acide, mais l’effet ne dure pas dans la durée. « Si on ne faisait plus le chaulage d’entretien, et uniquement de l’épandage de lisier, le pH redescendrait au bout de trois à quatre ans. »

Des cultures comme le lupin d’automne, et bientôt le lupin de printemps, ont été intégrées dans les rotations toujours dans l’optique d’améliorer la qualité des sols. « Le lupin ou même le tournesol que nous semons vont fixer l’azote, donc l’enrichir, tout en lui permettant de se reposer. » Dans cette même optique, des couverts végétaux sont semés entre deux cultures pour protéger le sol et conserver sa fertilité. 

« Quand on a changé de production, il était impératif de tout redresser pour avoir des rendements corrects. Même si c’était une charge importante au début, puisqu’on avait un tonnage important, c’est sans regret. Les résultats sont plus qu’au rendez-vous. Si je devais le refaire, ça serait sans hésitation. »

Johanna Kerschenmeyer