Semis - On a enfin semé les blés… mais en choisissant les parcelles

L’automne 2024 s’annonce un peu moins pluvieux que celui de 2023. Même si tous les ensilages ne sont pas achevés, les semis de blé ont enfin commencé dans les campagnes. Comme au Gaec Les Mimosas à Aubigny, chez les Lebeau.

Aurélien Lebeau a commencé à semer ses cultures d’automne depuis la semaine dernière. Profitant de la fenêtre ensoleillée qui a réchauffé Aubigny durant quelques jours, l’agriculteur a labouré la terre. Du moins dans ses parcelles les plus à même d’être ensemencées. Le jeune homme (en Gaec avec ses parents et aidé d’un salarié) explique : « L’objectif, c’est de faire 100 ha de blé. Mais cette année, les semis de blés vont être assez particuliers : très étalés dans le temps ! Là, on met du blé dans les parcelles où l’on a ensilé et où il y avait des colzas l’an dernier. Ce qui représente 50 ha actuellement. Il nous reste 50 ha où l’on doit encore battre les maïs avant d’emblaver. »
Pour le moment, seuls 30 ha vont être ensemencés en blé dans de bonnes conditions : ce sont les parcelles les mieux drainées, en limon profond et qui n’ont pas été abîmées par l’ensilage. « Mais tout ce qui est en terre plus sableuse ou non drainée, on ne peut pas y aller ! Il nous faut attendre au minimum dix à quinze jours, pour que la terre se ressuie bien. On mise sur la météo, avec un vent d’est qui pourra sécher. On espère, qu’au milieu de la semaine prochaine, on pourra labourer ces terres-là. Avec l’espoir de pouvoir peut-être y mettre le blé autour du 10 novembre. S’il ne pleut pas d’ici là ! Mais on sait déjà qu’on va devoir échelonner ces semis… Peut-être même jusqu’à fin décembre. Enfin, il y a 20 ha à mettre en blé pour lesquels, il faudra un temps sec sur du long terme, dans le cas contraire, on craint de ne pas pouvoir le faire. »

2024, une année atypique

Pour Aurélien Lebeau, l’année est véritablement atypique et compliquée : « on se retrouve avec beaucoup de maïs semés tard (début juin) et que l’on ne peut pas ensiler. Il va falloir être patient pour le ramasser, et en grain de surcroît. »
L’éleveur le reconnaît : ses parents et lui ont dû s’adapter, au fil des saisons, plus que par le passé : « Cette année, on avait 80 ha de maïs(1) et on en a ensilé 30 ha au lieu de 45, car on comptait 80 % de maïs tombés. Dans certaines parcelles, on n’a pas pu entrer à cause de l’excès d’eau dans les sols. On a essayé de faire au mieux nos stocks dans les silos. Pour compenser le manque (un silo en moins cette année), on va faire du maïs grain humide, en boudins. » Ce maïs humide sera donné au troupeau de 450 brebis laitières (des Lacaune) du Gaec, complété d’ensilage d’herbe et des récoltes du printemps prochain. De leur côté, les vaches laitières (des brunes des Alpes) recevront le maïs ensilé. Ce qui signifie que les associés ont dû réfléchir et remettre en question, à la fois, la façon de conduire les cultures mais aussi l’élevage. « Il a fallu décider et trancher rapidement, confie Aurélien Lebeau. On a laissé beaucoup de maïs par terre mais la solution sera peut-être de le ramasser avec la moissonneuse, en ne prenant que l’épi, pas toute la plante. » Sans toutefois traîner trop longtemps pour « le dégager des terres » car il reste un autre point important à considérer : le besoin en paille de l’élevage.
L’agriculteur devra sans doute, le moment venu, privilégier l’implantation en blé sur la récolte - tardive - du maïs. Jusqu’à présent le stock de paille engrangé en 2023 suffisait pour les deux troupeaux. Il conviendra encore pour cet hiver, « mais après on n’a plus de stock et donc plus le droit à l’erreur. Ça va être à la botte de paille près, pour tenir jusqu’au mois de juin 2025 ».
D’où la nécessité de remettre en place les cultures de blé : « on sème des variétés plutôt tardives. Des semences qu’on avait gardées de l’an dernier et qui n’avaient pas pu être utilisées. Elles doivent être installées avant le 1er novembre. Et puis on sait qu’après cette date, les conditions météo peuvent être plus compliquées donc on utilise des variétés précoces qui peuvent être semées jusqu’à fin décembre. »
L’orge est semée en deuxième paille avant le 1er novembre. Elle sera servie « broyée » pour les brebis principalement.

Yvelise Richard

1) Ce qui est plus que les années précédentes : 80 ha au lieu de 55 ha. Car l’automne et l’hiver 2023 ainsi que le printemps pluvieux de 2024 ont contraint l’exploitant à semer plus de maïs pour remplacer le blé qui n’avait pas pu être implanté.