Travaux dans les champs - Point d’étape pour la récolte des cultures d’été

Orges ramassées, colza commencé, blé retardé… La campagne 2024 ne s’inscrit vraiment pas dans la norme. Hervé Graton, conseiller Grandes cultures chez Terrena pour le Nord-Vendée et Sud-Loire, fait un point d’étape sur les premières récoltes de l’été.

Une année excessive en pluies, qui saturent les sols. Le monde végétal souffre actuellement de manque de températures élevées et les cultures de printemps comme les récoltes de ce début d’été en attestent. « Les adventices semblent être les seules plantes à profiter des épisodes de pluie et des petits coups de chaleur qui ont alterné ces dernières semaines. Ce qui complique la réussite de certains désherbages, qui occupent actuellement les exploitants agricoles », souligne d’entrée Hervé Graton, conseiller Grandes cultures chez Terrena, qui propose de faire un état des lieux des récoltes à la mi-juillet.
En Vendée, des échos lui sont remontés des agriculteurs des secteurs des Lucs-sur-Boulogne, Saint-Denis-la-Chevasse, Rocheservière, à Saint-Philbert-de-Bouaine.
« Les orges sont ramassées. C’est très moyen : globalement, on fait 15-20 quintaux de moins que l’an dernier. Soit un rendement entre 40 et 50 quintaux alors qu’en 2023, on était monté à 70-80 pour les orges. »
Quant aux colzas, les agriculteurs « ont bien commencé et ils reprennent vite avec un peu de soleil. Là aussi, les rendements sont moyens : on fait du 20-25 quintaux alors qu’on aurait dû faire du 30 à 35, voire plus les bonnes années. Soit dix de moins en moyenne. De plus, ce sont des petits grains, du petit poids de mille grains (PMG). La floraison a souffert du manque de soleil et de fécondation des insectes, liée au mauvais temps. Les fleurs n’ont pas pu s’exprimer comme il fallait cette année ».
Pour le conseiller, les sols fins, filtrants, calcaires ou séchants s’en sortiront mieux que les terres de limon ou d’argile, qui font de la rétention d’eau et qui sont vite saturés.
« Pour le blé, on est vraiment au tout début. Même si j’ai deux adhérents qui ont commencé la récolte, dont un à Saint-Mathurin, près des Sables-d’Olonne, qui en a fait une vingtaine d’hectares la semaine dernière (avant les pluies). C’est moyen en rendement. Le taux d’humidité de son blé atteint les 14,4-14,5. Mais en début de soirée, il a dû arrêter car l’humidité du sol a empêché la moissonneuse de travailler. Il semblerait qu’il ait récolté 60 à 65 quintaux de l’hectare, avec des PS de 73-74. »

Le conseiller évoque les choix de cet agriculteur : « Des variétés précoces (Ultime, Cesario), semées en octobre, avant les gros épisodes pluvieux de l’automne. Vu la météo annoncée, il s’est dit qu’il valait mieux ramasser avant que l’amidon du blé ne reparte en processus de germination, et que cela fasse chuter les temps de chute de Hagberg. Quant aux exploitants rencontrés la semaine dernière, qui ont fait leur semis début décembre, avec des variétés plus tardives (Absalon), les tiges de leur blé sont un peu vertes et manquent de maturité. Il y aura une grande hétérogénéité dans la récolte. »
Derrière le blé, il y a les orges de printemps qui vont arriver à maturité fin juillet début août. Ainsi, il n’est pas exclu de voir la moisson s’échelonner durant l’été, jusqu’à la mi-août… selon les fenêtres de beau temps qu’on aura.
Autre culture en suspens, le maïs : « Pour cette culture, il y a de tout. Sur les implantations de maïs, on a des jaunissements liés à l’excès d’eau. Mais on manque un peu de lumière et de chaleur, pour que la plante photosynthèse et s’exprime davantage. Les semis réalisés il y a très longtemps vont bientôt sortir en floraison : ils font 1,50 m de haut actuellement. Et puis, il y a les maïs semés il y a une douzaine de jours (fin juin-début juillet). »
La coopérative a repris aux agriculteurs qui le souhaitaient les semences aux indices très tardifs : « on a repositionné des indices beaucoup plus précoces, (160 contre 300 auparavant) pour ramener de la souplesse et rassurer sur les dates de la récolte. Mais pour obtenir un maïs, il faut compter trois à quatre mois, entre le semis et la récolte. On se retrouve donc aujourd’hui avec un delta d’un mois et demi pour la récolte, entre les premiers et les derniers. On a les premières projections fin septembre et les autres bien plus tard ! Un bel été indien d’octobre pourrait aider et agir sur la maturité d’un maïs semé tard ».