Vendée - « Il est urgent de stopper la braderie des veaux »

La section de la FDSEA de Vendée s’est réunie vendredi 3 juillet. L’occasion d’échanger sur la situation de la filière, et plus particulièrement sur le ressenti des éleveurs sur la période Covid-19.

Les membres de la section Veaux de boucherie sont unanimes : les mois de confinement ont été difficiles pour la filière vitelline. C’est particulièrement le mois d’avril qui a été compliqué à gérer, avec, entre autres, l’arrêt de la RHD, qui représente en temps normal 30% de la consommation de veaux. Pour maintenir la consommation, il a fallu faire un report de la production vers les GMS et les boucheries traditionnelles. Une campagne de publicité a été lancée dans ce sens par Interbev pour communiquer sur la consommation de viande de veau et pour appeler les opérateurs à mettre en avant les veaux français. « Tous les opérateurs n’ont pas joué le jeu, et notamment la grande distribution. Il y a une grande variété de produits estivaux à base de viande de veau, comme des saucisses, et les GMS n’en proposent pas dans leurs rayons », regrette Sébastien Janière, président de la section Veaux de boucherie de la FDSEA de Vendée. L’absence d’aide au stockage privé pour la viande de veau, pourtant demandée à plusieurs reprises par les professionnels, a également été un frein important pour la filière.
Pour éviter de surcharger le marché, les animaux sont restés un peu plus longtemps dans les élevages. « C’est un vrai problème parce que plus les animaux sont lourds et moins on est payé », souligne d’ailleurs un membre de la section. Les vides se sont également allongés au-delà des durées habituellement observés dans les élevages. « En général, nous sommes sur des vides allant de trois à quatre semaines maximum en moyenne, là je vais être en vide pendant au moins deux mois », témoigne Sébastien Perrotin. Dans le même temps le prix des matières premières a baissé, notamment le lait, mais le prix de vente des veaux s’est également effondré : « Nous avons perdu plus de 0,50€/kg par rapport à l’année dernière et plus d’1€/kg par rapport à 2018 », précise Sébastien Janière.

Vides et indemnisations
Une situation qui varie cependant selon les élevages et les dates des dernières sorties et entrées de veaux. En effet, la plupart des membres de la section avaient vidés leurs bâtiments en amont du confinement et ont fait rentrer les lots suivants avant la crise. « On a fait rentrer nos veaux en mars, la semaine avant le confinement et ils devraient sortir en juillet normalement, même si le marché est encore incertain », témoigne Aurore Aubineau, membre de la section depuis cette année. Philippe Bossard, quant a lui, a subit les effets du confinement de plein fouet. « J’ai eu deux mois de vide entre avril et mai, contre cinq semaines en moyenne d’habitude. Par contre j’ai été bien rémunéré pendant ces deux mois. »
Les contrats-types, qu’ils soient basés sur l’ancien modèle de 88 ou sur le nouveau de 2019, prévoient en effet une indemnisation des éleveurs en cas d’allongement des vides. « Il est important que les éleveurs vérifient leurs contrats et les indemnisations qu’ils peuvent toucher », interpelle Sébastien Janière.
Aujourd’hui, les retards d’envois semblent avoir été rattrapés, notamment parce qu’il y a peu d’animaux sur le marché en ce moment. « Le vrai problème, c’est les prix. Il faut que les cotations remontent d’au moins 0,60€/kg : on ne peut pas se permettre de descendre plus bas en tout cas, soutient Sébastien Janière. Si la kermesse des prix continue, il n’y aura bientôt plus d’éleveurs pour la faire », conclut Philippe Bossard.