Vendée - Les frères Perrocheau ont clôturé leur élevage porcin et installé des caméras

Face à la menace de la fièvre porcine, pour sécuriser le site face à des intrusions malveillantes, le Gaec L'Herbogère(Sainte-Flaive-des-Loups) a investi dans un dispositif de protection complet. Un aménagement qui donne aussi selon eux une image positive de leur élevage.

Près de 600 m de clôture, six caméras… Le Gaec L’Herbogère (Sainte-Flaive-des-Loups) n’a pas lésiné sur l’artillerie pour sécuriser ses porcheries (185 truies). Les travaux sont en phase de finition dans cet élevage réparti en deux sites distants de 250 m. « Face à la fièvre porcine africaine (FPA), il faut être prêts », avance d’abord Joël Perrocheau, référent biosécurité de l’exploitation associé à son frère Franck. Il a suivi la formation correspondante avec la Cooperl dès janvier 2019(1).
« Nous avions investi récemment dans nos bâtiments (en 2017), on ne peut pas se permettre un coup d’arrêt à cause de la FPA d’autant plus que le porc est notre production principale, poursuit l’éleveur installé en 2003. Si demain la FPA débarque en France, l’administration viendra contrôler sur place si on répond bien à tous les critères réglementaires, ce sera la condition pour autoriser la circulation de nos animaux. »
Avant ce nouveau chantier, le Gaec avait déjà mis en place des mesures précises (douche obligatoire à chaque entrée dans l’élevage), il restait à clôturer l’exploitation pour être en parfaite adéquation avec les mesures de protection. En tête de liste des préoccupations poussant les Perrocheau à renforcer leur dispositif : la présence régulière de sangliers dans le champ jouxtant l’élevage. « On ne pouvait absolument pas garantir que ces animaux sauvages ne pénétraient pas chez nous », concède Joël.

Digicode

Clôture et caméras allaient aussi permettre de mieux sécuriser le site face à des intrusions malveillantes potentielles (le grillage installé, 1,80 m, dépasse la norme fixée à 1,30m). « Régulièrement on voyait des voitures entrer sur le site puis repartir. Des gens perdus ou qui nous cherchaient… On a beau avoir des panneaux pour orienter, même les livreurs pouvaient faire des allers-retours. Dans tous les cas, ça posait des problèmes à la fois sanitaire et sécuritaire », constate Joël. Aujourd’hui, les clôtures obligent les intervenants extérieurs à prévenir de leur présence avant de pouvoir pénétrer : le livreur d’aliment ou le chauffeur qui vient chercher des cochons doit se servir du digicode (grâce au code fourni par avance à chaque intervention). « Les caméras incitent aussi à bien respecter les consignes, remarque Joël qui avoue avoir été épaté par le sérieux d’une intervention récente : le gars a tout fait à la lettre, dans un ordre impeccable. Nettoyer les roues, avant, après… »
L’installation a nécessité un gros investissement entre 6 500 et 7 000 € pour le système vidéo (sans la pose du câblage réalisé par les exploitants) ; presque 60 000 € pour la clôture. « On a souvent dit qu’on était dingues d’entreprendre un tel chantier, rapporte Joël, mais franchement on y gagne pour sécuriser notre outil mais aussi en cohérence. En clôturant comme on l’a fait, on n’est plus obligé de se doucher quand on passe d’un bâtiment à un autre. On change seulement de bottes. »

Circulation contrôlée

Les frères Perrocheau ont fait appel à deux sociétés spécialisées, l’une pour la vidéoprotection, l’autre pour les clôtures, choisies par l’expérience du bouche-à-oreille. «Les études préalables nous ont permis de bien identifier les caractéristiques de notre installation. Notre élevage dispose de plusieurs entrées, c’est ce qui rendait le projet particulier », explique Joël. Les six caméras contrôlent désormais chaque accès depuis l’extérieur et dans le site (l’installation a été déclarée en préfecture). Le dispositif est filaire autour du grand bâtiment de 3 500 m2, aérien (paraboles) autour de la porcherie de 300 m2, en contrebas. Les associés accèdent aux images en direct ou enregistrées via leur téléphone. Chaque franchissement de lignes de passage est aussi notifié.
La vidéoprotection leur a fait bénéficier d’une « réduction conséquente » du coût de l’assurance de l’exploitation. « La clôture, elle, est considérée comme un dispositif normal pour toute entreprise », relève Joël qui incite les éleveurs à adopter cette logique. « Aujourd’hui nous avons un site net et propre, insiste le professionnel membre de la section Environnement de la FDSEA 85, nous avons travaillé l’esthétique extérieur en choisissant un grillage vert, des plaques de soubassement et on replante la haie le long de la route. »
De cette obligation biosécuritaire, Joël veut donc y voir aussi une rigueur bénéfique à l’image de son entreprise. « On a donné un certain cachet à notre exploitation ! Des amis m’ont même dit que c’était chouette ! On n’a rien à cacher et il faut être fiers de nos élevages ! », conclut l’agriculteur qui a posté les photos de cette installation sur Twitter.
Catherine Baty

*Toute exploitation porcine avait l’obligation de mettre en place un plan biosécurité avant le 1er janvier 2020.

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Gaec L’Herbogère, à Sainte-Flaive-des-Loups

• Joël Perrocheau, 39 ans, installé en 2003 avec son frère Franck Perrocheau, 42 ans, installé depuis 2000.
  185 truies (élevage naisseur et engraisseur)
  SAU 210 ha
  Fabrication d’aliment à la ferme

Aides et commande groupée

• Les installations contribuant à la biosécurité pourraient bénéficier d’une aide financière dans le cadre des PCAE. Dans tous les cas, les aides doivent être sollicitées avant travaux. Renseignement auprès du service bâtiment ICPE de la chambre d’agriculture Pays de la Loire : 02 53 57 18 25.
• Achat groupé : La FDSEA 85 organise une commande groupée de caméras pour les élevages. Renseignements, au 02 51 36 82 06. »