Vendée - Malgré les activités commerciales à l’arrêt, le travail dans les vignes continue

A la tête du syndicat des Fiefs vendéens AOC, Mathieu Coirier revient sur la situation de ses adhérents, à l’issue du confinement. Activité commerciale en baisse et retour dans les vignes maintenu.

Avez-vous eu des échos des adhérents des Fiefs vendéens AOC sur leur situation économique et le maintien de leur activité commerciale ?
Il faut savoir que les exploitations adhérentes aux Fiefs Vendéens commercialisent entre 70 et 95 % de leur production sur le territoire vendéen, essentiellement en saison estivale.
Les voies de commercialisation sont les cavistes, les restaurants, les particuliers pour les viticulteurs qui font des dégustations en cave.
On a subi une diminution de la commercialisation due l’arrêt des restaurants et des ventes à la cave, la faible vente des cavistes en produits locaux.
Les seules sorties aux clients qui ont pu se faire l’ont été en particulier via de petites expéditions ou des livraisons à domicile.
La majorité des adhérents ont proposé un drive, avec préparation de commandes sur place, par enlèvements ou des livraisons.
Mais il est à noter que 90 % du marché était fermé.

Pour autant, l’activité des vignerons n’a pas cessé durant ces deux mois ?
Heureusement, le secteur a continué à travailler dans les vignes parce que la nature n’attend pas, bien sûr.
La pousse de la vigne est assez précoce cette année : on a eu de belles sorties de grappe, grâce à des températures clémentes fin mars et début avril.
Beaucoup de travail dans les vignes – taille, attachage, palissage- et une activité de production qui n’a pas cessé.
La récolte 2019 était très déficitaire, avec 50 % de récolte en moins sur l’AOC.
Question stock, cela va se réguler tout seul.
On aura assez de stocks pour assurer le marché de la fin de la saison estivale.
Maintenant, c’est au niveau des trésoreries de nos exploitations, qui sont très fragilisées.
Ce déficit de récolte 2019 a entrainé deux conséquences pour les vignerons vendéens ayant deux types de distribution : d’abord, la vente des stocks en vrac de ce faible volume à vendre n’a eu qu’un apport de trésorerie immédiat imité ; ensuite, la mise sur le marché des bouteilles pour la saison estivale n’a pas eu lieu, puisque cette mise en place dans les cafés, hôtels et restaurants (CHR) se fait essentiellement en mars-avril (durant le confinement).
Donc, il n’y a pas eu de rentrée d’argent pour beaucoup cette année.
Une année quasi blanche !
Environ 70 % des ventes se font en saison estivale, via la restauration locale et la fréquentation touristique.

Quid des ventes de bouteilles en Grandes et moyennes surfaces (GMS) ?
La majorité de nos adhérents ont aussi une petite sortie de leurs produits en GMS, parallèlement.
Mais cette crise a montré que la consommation des gens en GMS ne s’est pas portée vers les produits locaux, hormis dans les magasins de producteurs, pour ceux qui travaillent avec ce type d’enseignes.
Comme à Fontaines, chez Les Producteurs du Marais ou à La Roche-sur-Yon, à Ma Product’Yon locale, où ça a bien marché.
Mais c’est très mineur par rapport aux quantités de vin à écouler.
Bien sûr, on attend avec impatience la réouverture de la restauration.
Mais on a de grosses craintes sur la saison touristique : les estivants seront-ils présents ?
Maintenant que nos caveaux de dégustation sont de nouveau ouverts, on espère revoir les clients, mais là aussi, viendront-ils ? Il faut avoir confiance.
Plus tard, on va miser sur d’autres rendez-vous de cet automne comme le Vendée Globe (s’il se tient) ou nos portes ouvertes de novembre.

Parmi les mesures demandées au gouvernement par la filière vitivinicole pour aider les exploitants, lesquelles vous semblent pertinentes pour les Fiefs vendéens ?
Dans cette liste faite en concertation par la profession, je retiens surtout la distillation de crise (pour permettre d’écouler les stocks en fin d’année) pour certaines exploitations.
Mais les demandes qui nous concernent en Vendée, ce sont surtout les exonérations des cotisations sociales des exploitants (Amexa) et charges sociales patronales (MSA et Urssaf) pour nos entreprises.
En fonction du chiffre d’affaires perdu.
De plus, au sein du syndicat des Fiefs, pour aider nos adhérents, on a voté un report de six mois des cotisations syndicales Communication, pour permettre aux exploitations de souffler un peu, d’avoir un peu de trésorerie, en espérant une bonne récolte cette année.