Sommes-nous contraints au changement ou libres d´entreprendre?

Toute modification dans notre environnement peut entrainer un changement dans nos pratiques. Nous sommes alors confrontés à des choix parfois difficiles. Perdus, en manque de repères, nous ne sommes plus dans une situation stable pour réfléchir. Pourtant il le faut bien.

La pérennité de l´entreprise agricole est fragile. Alors sur quelle base réfléchir dans un espace-temps restreint ? Une aide extérieure est souvent favorable pour stabiliser les réflexions mais le respect d´un processus d´acceptation du changement est inévitable. Des pressions extérieures inéluctables. Quel que soit le cadre dans lequel on évolue, personnellement ou dans un processus d´activité économique, la réglementation s´adapte en fonction des besoins de la communauté. L´application de cette réglementation n´est pas négociable si l´on veut poursuivre une activité déjà en place. Si nous voulons poursuivre vers l´atteinte de nos objectifs de vie ou de carrière, nous sommes alors contraints au changement. Le contexte technologique est un autre exemple de pressions extérieures inéluctables. Pour conserver l´appartenance sociale à un groupe, CUMA ou GEDA par exemple, l´utilisation d´internet ou du téléphone portable est maintenant une évidence pour communiquer entre membres. Cette évolution est aussi vraie sur le matériel. Le choix d´une tonne à lisier ou de remorques au sein des CUMA entraine forcément un changement sur les exploitations appartenant au groupe qui sont aussi parfois obligés de modifier leur équipement propre pour rester « en phase » avec le fonctionnement du groupe. Une entreprise agricole comme toute autre entreprise produit des biens ou des services pour des clients. Ces derniers ont des besoins précis. Si le producteur ne répond pas à ces besoins, la pérennité de son activité sera rapidement remise en cause. Voici donc un autre exemple de changement forcé pour rester dans un schéma de production identique. Des actions cohérentes avec l´objectif fixé Le changement peut aussi aller parfois à l´encontre d´une certaine liberté d´entreprendre. C´est dans ce cas que la prise de décision devient difficile car nos valeurs pourraient être remises en cause. Si l´on est bien dans ce que l´on fait, pourquoi changer ? Ne pas suivre l´évolution peut donc être un choix cohérent. Il reste ensuite à l´afficher en l´expliquant pour que cela soit compris des autres membres du groupe, CUMA ou GAEC. La personnalité est aussi un facteur important dans ce refus du changement. Sur la question de l´investissement, des personnes auront plus de craintes à prendre des risques que d´autres. Chaque être humain fonctionne différemment, vit les choses d´une manière différente. Les membres d´une petite communauté, GAEC par exemple, doivent en avoir conscience s´ils veulent conserver une bonne entente entre eux. Il s´agit là d´une volonté des personnes composant le groupe. Finalement, le changement est une évolution personnelle forcément vécue d´une manière différente par chacun. L´espace-temps du processus de changement ou de refus est aussi différent d´une personne à l´autre. Pour ces raisons, il convient donc de bien expliquer ses arguments aux autres membres du groupe si l´on veut que l´entente perdure au sein des associés ou des adhérents. Chacun peut aussi refuser le changement. Se met-il pour autant à l´écart des autres qui acceptent cette évolution ? Nous pouvons peut être nous dire que cela importe peu. Ce qui compte le plus c´est que chacun se sente à l´aise dans la situation qu´il aura choisie.

Les étapes du changement.

Nous allons imaginer une situation dans laquelle nous sommes obligés de subir un changement pour conserver le respect des objectifs que nous nous sommes fixés dans notre carrière professionnelle : s´associer en vue d´avoir un peu de temps libre et de partager la gestion quotidienne d´une entreprise. La situation initiale pourrait être un chef d´entreprise installé seul sur une activité laitière. L´augmentation des quotas et la gestion administrative amènent le dirigeant à toujours en faire en plus. Il arrive donc à un point de rupture et cherche une nouvelle solution qui lui permettra de conserver ses objectifs : temps libre et partage des responsabilités. Inconsciemment, cette personne va passer par différents états avant de prendre une décision qui entrainera du changement dans sa vie quotidienne. Il va connaître dans un premier temps le refus de cette situation, en se disant certainement que c´est un manque d´organisation et que cela ira mieux demain. Puis la colère l´entrainera à rejeter la faute sur les autres, sur le système actuel. Puis il aura peur de quitter une situation inconfortable mais connue pour un quotidien dont il ne connaît pas le contenu. Il sera triste ensuite de quitter un modèle de fonctionnement où il avait mis énormément d´énergie pour le mettre en place. Mais bientôt il prendra conscience que les gains de la future situation sont supérieurs aux pertes de sa situation actuelle. Cela lui permettra d´accepter enfin ce changement et de le vouloir. Il mettra alors en place une nouvelle stratégie avec ses futurs associés pour redonner du sens à son travail. Restera à trouver des partenaires qui partagent les mêmes objectifs, ayant envie de partager des choses avec d´autres personnes avec toutes les limites et efforts que cela implique... Se faire accompagner dans cette démarche est parfois très utile pour mieux vivre la situation. Ne pas être trop ambitieux et se donner des étapes concrètes est aussi rassurant. Denis Guilloton