interview - �œSans vous, sans ce réseau, rien ne serait possible”

Flavien Martineau, président de JA 85 Brice Guyau, président de la FDSEA 85

Après une dizaine de jours de mobilisation, quel est votre ressenti ?

F. Martineau : Ce sont des moments forts pour notre réseau JA. La participation des jeunes est très importante dans chacune des mobilisations. Tous se mobilisent pour obtenir des réponses pour leur revenu et les prochaines installations à venir.   

B. Guyau : Il y avait vraiment une demande du terrain d’évolution de nos conditions que ce soit en termes de revenus, de normes, de sur-transpositions. La mobilisation est presque peut-être même plus forte qu’on le pressentait.  

Qu’est-ce que ces mobilisations traduisent ?

F. Martineau : Le mal-être agricole qui est là depuis des années. Aujourd'hui, on veut que ça change. Depuis des années, nos anciens se battent pour être entendus, compris et obtenir des choses pour l’amélioration du revenu et la reconnaissance du métier. Dorénavant, les jeunes qui ont la passion du métier prennent la suite pour continuer le combat. L’importance du réseau est là.  

B. Guyau : Nous avons une force de réseau. Les gens sont en attente de continuer à revendiquer mais aussi à construire. Nous avons pu faire passer des messages pour expliquer ce qui se passe réellement au niveau national et européen et faire savoir quels sont nos leviers à actionner pour que les agriculteurs soient mieux respectés.

A l’heure où on parle de renouvellement des générations, voir tous ces jeunes, est-ce que ça rassure ?

F. Martineau : C’est rassurant oui, et c’est positif. Nous avions connaissance du réseau mais là nous voyons des mineurs en formation agricole, des stagiaires qui veulent s’installer, des jeunes en cours d’installation et des jeunes installés, que nous ne connaissions pas et qui partagent les mêmes idées de défense du revenu. A travers toute la communication dans les réseaux sociaux et les médias, les élus ont aussi pu en prendre conscience.

Vous sentez-vous soutenus ?

F. Martineau : Oui, et nous en sommes vraiment plus que surpris. Nous avons eu énormément de dons, des repas, des viennoiseries, des goûters, etc. offerts par les commerçants ou pas. 

Nous avons aussi pu énormément discuter avec nos élus qui étaient présents avec nous notamment lors des contrôles des camions. Ils ne se rendaient pas compte de la quantité de produits étrangers qui circulent et du conditionnement, pendant des heures de route, parfois à la limite du sanitaire, de la viande étrangère.

B. Guyau : Les actions ont été appréciées par la population. Je remercie mes collègues qui ont su respecter les biens communs, sans, notamment, benner pour benner. Nous sortons avec une image positive de toutes ces actions et on ne peut que s’en féliciter. 

Je remercie aussi les élus d’être présents à nos côtés. C’est leur place. Cependant, le travail avec eux se fait au quotidien et cela doit continuer comme ça. Les actes sont encore plus marquants.   

Dans quel état d’esprit êtes-vous ? 

F. Martineau : Tout le soutien qu’on a pu recevoir nous a rechargés et ça a resserré les liens. Depuis le début du mouvement, il y a une réelle solidarité toutes générations confondues. On sait que si les annonces ne sont pas à la hauteur des attentes, on est prêt à repartir grâce à ce soutien. 

B. Guyau : Nous attendons les annonces du Premier ministre*. Les mobilisations auront permis d’avoir des réponses à beaucoup de questions et de traiter des sujets que nous avons mis en évidence. Nous savons que les pas-de-temps, au niveau des prises de décision, sont différents en fonction de ce qu’on veut voir évoluer et nous en avons conscience. Nous ne lâcherons donc pas la pression à court, moyen et long termes car nous voulons une réponse sur l’ensemble des sujets, des territoires et des productions. 

Quel message voudriez-vous adresser aux agriculteurs ?

F. Martineau : Merci de nous faire confiance. A nous, les responsables du département et aux JA qui œuvrent sur tout le territoire, tout au long de l’année pour faire remonter les dossiers du terrain. Grâce à ce réseau, nous pouvons pousser des réclamations auprès du Gouvernement. Sans l’appui du réseau, sans ce front commun ce ne serait pas possible.

B. Guyau : Merci pour cette mobilisation. Merci de votre compréhension. Le travail du SEA, au canton, au département est nécessaire pour faire remonter des problématiques et trouver des solutions. C’est unis que nous arriverons à faire bouger les choses. Restons collectif, c’est le meilleur moyen d’obtenir des réponses.

Propos recueillis par Delphine Bisson