Vendée – Le melon frappé par une bactériose

Suite aux intempéries du printemps, la production de melons en Sud-Vendée est fortement impactée par la bactériose. Lundi 7 juillet une délégation coordonnée par la DDTM s’est rendue sur les parcelles les plus touchées pour déterminer le zonage et déclencher le protocole des Calamités agricoles.

La saison vient tout juste de débuter dans le Sud-Vendée. Comme toujours à cette période, les producteurs sont fébriles car c’est l’aboutissement du travail de toute une année qui va bientôt pouvoir être mis en valeur et arriver sur la table des consommateurs.
Malheureusement, sur les premières parcelles prêtes à récolter, le constat est sans appel : la bactériose a frappé fort. Elle est sur les feuilles mais aussi dans le fruit qui devient impropre à la consommation. Les pertes peuvent aller jusqu’à 80 % du tonnage. Certains producteurs ont renoncé à tout tri et récolte. Ils seront donc contraints de broyer leurs cultures. D’autres font le choix, de faire un premier tri au champ puis un autre à la station. Les pertes sont importantes, une demande de reconnaissance au titre des calamités agricoles a donc été déclenchée.

Visite terrain pour débuter la procédure des calamités agricoles
Le processus des calamités est un dossier qui doit se constituer suivant un protocole administratif très encadré et très long. Il faut tout d’abord délimiter la zone et constater sur le terrain l’étendue des dégâts. Ainsi, une commission s’est rendue sur place. Elle était constituée de représentants de la DDTM, de la chambre d’agriculture, du GDM, de la FDSEA et de la Coordination rurale.
Il n’était pas possible de se rendre chez tous les producteurs de melons. Le but était se rendre dans différentes parcelles en tout point de la zone impactée. Pour le moment, les constats de perte ont été faits sur des semis allant jusqu’à la semaine 19. Il est en effet très difficile de savoir comment va évoluer la maladie. « Ce sont les tâches qui apparaissent sur les fruits qui nous alertent. Malheureusement, c’est la veille de la récolte que l’on découvre les dégâts. La situation est totalement instable et en perpétuel évolution. Seul le beau temps peut tout stopper, explique Vincent Roulleau l’un des gérants de la société Boule d’or. Car des températures basses permettent la multiplication de la bactérie et la pluie, sa dissémination. »
Même si certaines variétés résistent mieux, dans les plus belles parcelles, la perte est estimée entre 70 et 80%. « Nous n’avons jamais vu cela même en 2007. Et je m’inquiète car ce matin, j’ai vérifié un melon sans tâches et il était pourtant attaqué par la bactériose. On n’a donc aucun repère », complète Sandrine Bogers de Vendélice. Frédérick Baranovsky et Etienne Séguy en charge de la constitution du dossier à la DDTM concluent : « L’instruction va être très longue. Selon l’évolution de la maladie, il faudra peut-être missionner une nouvelle visite terrain pour les parcelles dont la récolte est prévue plus tard. En tout état de cause, il est important que chaque exploitant anticipent et conserve des enregistrements du comptage de ses pertes, fassent des photos dès maintenant. Car les dossiers individuels ne seront pas réalisés avant l’automne et il faudra apporter des preuves. »

Economie et emploi fragilisé
Cet épisode de bactériose va fragiliser la santé économique de ces entreprises agricoles qui sont fortement vecteur d’emplois et dynamise toute l’économie du Sud-Vendée et en particulier du marais Poitevin. En effet, on ne peut même pas encore mesurer tous les impacts économiques qui se répercutent en cascade : frais de main d’œuvre multiplié par deux, contrat saisonnier à décaler dans le temps lorsque cela est possible, perte de marchés habituels qui ne pourront pas être approvisionnés et qui seront difficiles à reconquérir les années suivantes, trésorerie fragilisée. « Au-delà des calamités agricoles, nous devons aussi soutenir les melonniers en cherchant tous les dispositifs possibles. L’année 2020 sera très tendue et nous avons besoin du soutien des banques », complète Vincent Pelletier, responsable de l’UCSEA Sud-Vendée Littoral et membre du bureau de la FDSEA.

Garder le moral
Cette situation est difficile à vivre pour les producteurs de melons. Les semaines précédentes ont été très dures et le moral de chacun a été mis à rude épreuve. Pourtant lors de cette visite de terrain, on ressent toute leur passion et leur investissement. A tour de rôle, ils se penchent, ouvrent un melon, l’observent et échangent leurs analyses. La campagne sera très compliquée mais grâce à cette dynamique de groupe, des solutions pourront certainement émerger. Et la saison n’est pas encore terminée.