[COVID-19] Au service de remplacement, le contexte Covi-19 perturbe l'activité

L’activité du service de remplacement de Vendée est inégale selon les secteurs et perturbé par le contexte viral. Missions annulées, besoins de coups de main à cause la météo, situations particulières de précaution... Etat des lieux.

«Heureusement... Il fait beau ». Au Service de Remplacement, quand on parle du temps clément c’est en raisonnant avec les plannings. Selon les secteurs géographiques, l’effet Covid 19 très assez inégal. 'Tous mes agents assurent les missions prévues', vérifie Nathalie Herbreteau sur son planning de la zone Maines et Boulogne. Soit quatre personnes en CDD et douze en CDI. Ce lundi matin, la météo a fait sonner la ligne de Nathalie « pour des besoins en pose de clôtures, ensilage, etc. ». Mais ce Nord-Vendée fait souvent exception au SR. Ailleurs, si les agriculteurs ont bien réinvesti les extérieurs, l’activité des salariés remplaçants est nettement plus timorée. Sur le portable de Mirella Blanchard « c’est carrément le calme plat ! ». La responsable a enregistré sept annulations de mission en Sud-Vendée. Deux de ses sept salariés (dont 5 en CDI) sont sous-occupés. Idem du côté de l’équipe de Mélissa You (Collines et Bocage) : « Dix adhérents n’ont plus besoin des misions programmées chez eux. Fêtes de famille et soirées entre amis reportées, vacances compromises, réunions professionnelles en suspens... Finalement les gens restent travailler dans leurs exploitations. Aucun de mes salariés n’est actuellement à plein temps », résume la responsable planning en charge de 7 CDI et un CDD en mission longue. Concernant le secteur Yon et Littoral (10 CDI et 5 CDD), la charge de travail a été bouleversée de la même façon (« un adhérent a annulé ses congés sur une semaine ») mais deux agents ont dû réduire leur disponibilité pour raison familiale (lire plus loin).

Des cas particuliers

Le contexte sanitaire engendre aussi des réticences chez quelques adhérents au cas particulier. « Une agricultrice enceinte a repoussé son remplacement pour réduire tout risque d’exposition», raconte Mirella qui cite aussi la situation d’un autre adhérent dont l’épouse travaille en milieu médical, préférant ne pas solliciter le SR pour mieux se protéger. 
Chacune des interlocutrices départementales a dû répondre rapidement aux questionnements des agents de son équipe dès les premières annonces gouvernementales car «les salariés avaient besoin d’être renseignés sur les autorisations de déplacements, les spécificités de l’agriculture... ». Un seul agent, papa de trois jeunes enfants, a actionné le dispositif d’arrêt pour garde, sa conjointe étant mobilisée par son emploi dans une grande surface. Jusqu’alors, la plupart des agents n’a exprimé aucune réserve quant à ses conditions de travail, quelques-uns restent dubitatifs devant les préconisations de distanciation dans des missions de dégriffage, des inséminations artificielles de lapines, du parage, etc.

Des heures annualisées

Adhérents et agents ont reçu les consignes appropriées à l’ensemble de l’activité agricole et les règles sont rappelées à chaque contact téléphonique (lire ci-contre). « Les situations spécifiques de certains de nos salariés exigent une adaptation de leur planning, explique Nathalie Herbreteau. L’un d’eux est sur le point d’être papa et la grossesse de son amie est délicate, alors on va limiter ses missions pour ne pas l’exposer à des risques potentiels. Même précaution pour un autre gars qui est asthmatique ». Ceux qui travailleront moins durant cette période ne verront par leur salaire impacté. « L’annualisation des heures (1650 heures par an) leur garantit une régularité de leur rémunération. A nous d’être attentifs à un équilibre du compteur d’heures individuel. Disons que l’annualisation est bien pratique en ce moment », reconnaissent les planificatrices du SR. 
Quant à l’avenir d’un tel constat d’activité amorphe malgré les travaux des champs retrouvés, les responsables du SR s’interrogent sur des besoins finalement compensés par des jeunes qui ne sont plus dans les écoles et sans doute davantage dans les exploitations familiales. 

• Contact des responsables planning de votre secteur : 


Yon-littoral (de Challans au Talmondais, La Roche-sur-Yon) : Léana Menanteau 07 85 13 05 98 ; lemenanteau@fvge.asso.fr
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Vendée et Lay (Sud Vendée jusqu’à La Châtaigneraie) : Mirella Blanchard 07 85 13 57 17 ; mblanchard@fvge.asso.fr ;
Maines et Boulogne (de Palluau à Montaigu, Les Essarts) : Nathalie Herbreteau 07 85 13 85 71 ; nherbreteau@fvge.asso.fr
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Collines et Bocage (de Mortagne à Pouzauges, Chantonnay) : Mélissa You 07 85 13 59 06 myou@fvge.asso.fr

• Quels sont les bons gestes de sécurité santaires à respecter ?

Témoignages d'agents et d'un adhérent

• Stéphane Chagneau, agent en CDI, secteur de vie et boulogne «Heureusement on peut compter sur vous ! 

« Mon planning est plein. J’interviens le matin chez un éleveur laitier immobilisé pour quatre mois suite à une opération. Cet après-midi j’ai posé des clôtures dans une autre structure. Les agriculteurs nous disent : « heureusement qu’on peut compter sur vous ! ». Comme si malgré tout notre société oubliait de les soutenir alors qu’on a besoin d’eux ».  

• Yannick Nauleau, éleveur naisseur-engraisseur à Saint-Etienne-du-Bois : 
  « J’ai hésité à maintenir le remplacement »

«Depuis à peu près deux ans, je fais appel assez régulièrement au SR. D’abord à la suite d’un accident grave qui m’a immobilisé, puis pour compenser l’activité réduite de mon épouse, salariée de l’exploitation, atteinte d’une maladie auto-immune. 
Cette semaine, nous avons hésité à maintenir la mission sollicitée car la pathologie de ma femme la rend ultra vulnérable aux infections. Il s’agit donc de limiter au maximum les contacts extérieurs. Face à l’urgence des travaux à démarrer, les retards à rattraper... on n’a finalement pas annulé le service de remplacement. Mais j’ai adapté ma façon de travailler et d’accompagner le remplaçant  (chacun son véhicule par exemple). 
Ce n’est pas si évident qu’on l’imagine de devoir donner des règles sanitaires à quelqu’un avec qui on travaille ponctuellement et qui intervient chez plusieurs autres agriculteurs... Ces précautions ne doivent pas être prises comme une défiance, une critique. Moi je dois simplement protéger ma famille. Au risque de paraitre ridicule aux yeux de certains, je relève sur un cahier tous les jours qui est venu dans l’exploitation : l’inséminateur la semaine dernière, le marchand de bestiaux il y a quelques jours... Même si en ce moment on ne voit qu’une personne par jour on oublie vite qui et quand... On a tellement de choses en tête ! Alors je note... si jamais on doit en avoir besoin. 
On ne sait pas vraiment si nos gestes sont adaptés mais on est obligé de faire très attention. Je jette mes gants à la poubelle tous les soirs quand je rentre à la maison... Mais est-ce que le désinfectant que j’utilise pour la cabine de mon tracteur est efficace contre ce virus ? On aime penser qu’à la campagne il y a moins de risques. C’est certainement vrai mais pas suffisant ». 

• Julien Billaud, remplaçant, le Poiré-sur-Velluire : « On se croise de loin »

« Je n’ai pas travaillé la semaine dernière. Je devais intervenir matin et soir pour la traite et le ramassage des œufs dans une exploitation mais l’agriculteur a dû renoncer à ses vacances et donc annuler ma mission dès le lundi. Je me suis occupé de mes quatre enfants avec mon épouse aussi sans travail (elle est assistante maternelle). 
J’ai repris le boulot ces jours-ci, plus normalement. Je suis toujours seul dans les exploitations (ce matin j’enlevais du fumier dans un bâtiment hors sol) ou je ne croise les agriculteurs que de loin. J’interviens dans des fermes que je connais déjà, donc pas besoin de prise de consignes particulières, sinon on se téléphonerait. Je dois faire attention à notre façon de travailler même si je ne veux pas tomber dans la psychose ».