[COVID-19] Vendée - Comment l'enseignement agricole s'adapte

Les établissements scolaires agricoles adaptent les contenus de leurs formations et adoptent de nouveaux outils numériques pour assurer la continuité pédagogique.

« Je passe mon temps sur internet alors que dans mon métier j'ai plutôt les pieds dans les bottes. » François Bernard, enseignant BP REA de l'ADPS apprend un nouveau métier : la FoaD (Formation à distance). En lycée agricole, CFA, CFPPA ou encore MFR, les enseignants font preuve d'ingéniosité, d'agilité et d'adaptation « La première semaine de confinement a été particulièrement intense pour les équipes, rapporte Jean-François Vergnault, directeur du lycée Etablières. Cela représente deux fois plus de travail. » Car pas question pour les établissements agricoles du département de simplement déposer les cours en ligne. 
ProNote pour les lycéens, Yparéo ou W@lter pour les apprentis, Espace numérique de travail (ENT), Classroom, Discord, Whatsapp, Messenger, Google drive, mails... Les enseignants ont une multitude d'outils à disposition pour assurer la continuité pédagogique et éviter le décrochage des apprenants. 
Pour ces 26 BP REA, Gildas Quantin, enseignant au CFPPA Nature, a par exemple fait le choix d'utiliser Google drive pour le suivi de leurs diaporamas.

Plus en contact que jamais

En MFR « nos apprenants de CAP ont entre 15 et 18 ans, précise Richard Roger, directeur de la structure de L'Herbergement. Il faut être 100% derrière eux. »
Tous les établissements d'enseignement agricole de Vendée accordent une grande importance à l'échange quotidien avec les apprenants et/ou les familles et assurent au minimum un appel téléphonique par semaine. Le lycée Etablières, de son côté, a pris le parti de contacter les élèves tous les jours « pour voir comment cela se passe chez eux, indique Jean-François Vergnault. Nous avons pour obligation de remonter, chaque jour auprès de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) les difficultés des familles, d'accès aux outils et le nombre de malades. 
Malgré une implication forte auprès des élèves, Sylvie Richard, proviseure du lycée Bel Air situé à Fontenay-le-Comte, confie que sont établissement n'échappe pas aux 10% de décrocheurs. « Il y a une profonde disparité entre les classes. En terminale, les élèves sont au taquet. Pour des élèves de seconde professionnelle et quelques élèves de première c'est plus compliqué. » Même constat du côté du lycée Luçon-Pétré qui déplore 10% de perte d'élèves en cette période de confinement. 

Pas tous les mêmes conditions

En cause souvent, la fracture numérique exacerbée en ces temps particuliers. La MFR de Pouzauges, tout comme le lycée Bel Air ont prêté ordinateurs et tablettes à des élèves. A Luçon-Pétré, « on essaye parfois de travailler par voie postale mais c'est compliqué », admet Stéphane Bodin, enseignant en biologie.
Pour permettre à un maximum d'élèves de suivre les cours, les lycées ont réduit d'un tiers le volume des contenus. Côtés apprentissage, « ils sont libérés normalement deux à trois heures par jour par leur employeur pour avoir dix à quinze heures de travail par semaine ou ils auraient du être présents au CFA », souligne Marion Nevo, coordinatrice du CAPA pour le CFA Nature.
Car si les apprentis travaillent bel et bien en entreprise agricole, les stagiaires eux, ont vu leurs stages annulés. « On sort de six mois de pluie, ils entrevoyaient une belle période pour travailler et ils en sont empêchés. Ils sont très frustrés », rapporte Richard Roger, directeur de la MFR de L'Herbergement. Pour pallier à cela, les établissements proposent à leurs stagiaires des cours adaptés, portés sur la technique. « On essaye d'être le plus concret possible, explique Florent Decoudre, directeur de la MFR de Pouzauges. Faire et vivre dans sa chair, par outil informatique interposé ce n'est pas évident. »
Pour François Bernard (ADPS), internet est un moyen de formation très intéressant. « Cependant, cela ne peut pas être LE moyen de formation. Quand j'ai besoin de montrer la couleur de l'herbe ou le comportement des animaux, je ne l'ai pas sur internet. » Pour Sylvie Richard (lycée Bel Air), il y aura certainement un avant et un après Covid-19 sur les pratiques pédagogiques. Mais tous sont unanimes sur le fait que rien ne remplace l'échange direct. Benjamin Lachaud, professeur de physique-chimie au lycée Nature, a beau utiliser une plate-forme permettant de commenter des documents en direct, il fait le même constat : « L'écrit ne remplace pas l'oral. La communication verbale et non-verbale en classe est très importante. Elle permet de faire passer plein de choses. » 

Examens

A la date du 8 avril, les équipes pédagogiques attendent les directives nationales pour savoir comment les épreuves vont s'organiser. « Un retour en cours au mois de juin permettrait de faire des évaluations au troisième trismettre car en période de confinement les notes ne peuvent pas compter", espère Jean-François Vergnault, directeur du lycée Etablières. Dans certains établissements, des épreuves sont passées par anticipation lorsque cela s'y prête. « Pour les épreuves techniques et pratiques, nous n'avons pas imaginé de calendrier et de modalité pour le moment », explique Marion Nevo, responsable du centre de ressources et coordinatrice du CAPA pour le CFA Nature.
En bac pro agricole par exemple, 50% est évalué en Contrôle en cours de formation (CFF). Parmi l'épreuve finale, la grosse épreuve technique sur un dossier qu'ils travaillent sur deux années. « On aimerait beaucoup pouvoir la mettre en place pour valoriser tout ce travail des apprenants », confie Florent Decoudre, directeur de la MFR de Pouzauges. Infos à suivre...